L'histoire :
Les îles Scilly, au sud-ouest de l’Angleterre, abritent une école d’officiers de marine très particulière… A Santa Jill, en effet, on ne forme que des filles, toutes appelées à devenir de fameuses flibustiers. Une seule exception à la règle : James Boon, fils de Lady Sparu, la fondatrice de Santa Jill, suit avec assiduité l’enseignement strict qui y est dispensé… déguisé en fille (bien entendu). A cette époque, la couronne britannique s’inquiète : son réseau de surveillance « Echelon » fait de plus en plus souvent l’objet de violentes attaques. Ce réseau se compose de centaines de barques surmontées d’échèles, disséminées en pleine mer, permettant aux agents du renseignement d’intercepter et de lire les messages aux pattes des pigeons voyageurs qui s’y posent. Or, certains pigeons américains, kamikazes malgré eux, explosent en se posant dans les pigeonniers ou sur les échèles du royaume. Lors d’une entrevue secrète dans un bordel londonien, le prince consort et M. instillent donc à la reine de mettre en place un corps d’élite d’agents secrets. A ce moment, James Boon, matricule 07, profite d’une escapade nocturne en compagnie de Clarice, sa compère de débauche au matricule 08, pour découvrir un passage secret sous son école…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme son nom l’indique clairement, James Boon 07 est effectivement une parodie de James Bond, appliquée à l’univers de la piraterie. Au générique de cette nouvelle série, un nom attire l’attention : Matthieu Gabella, jeune et talentueux scénariste, qui s’est déjà fait remarquer avec une certaine maestria narrative sur des séries telles que la Licorne ou Idole. Dès les premières pages en effet, on se laisse séduire par un scénario bondissant et très inventif, sur une trame dense et aboutie, totalement délirante mais maîtrisée, s’appuyant sur des dialogues soignés et truculents. Sans le moindre temps mort, sans se prendre au sérieux, Gabella oriente la parodie vers les circonstances qui amènent le jeune James Boon à devenir un agent secret. Pour le dessin et la couleur, Gabella est ici accompagné par Anthony Audibert, son compère des Mesures du temps (one-shot fantastique chez Petit à Petit). Sur un mode graphique proche de l’animation, très coloré, Audibert s’est surtout laissé inspirer par le jeu vidéo Monkey Island. Son trait tout en courbes, ses cadrages délirants (parfois… saturés), ses personnages aux faciès improbables, rappellent surtout par moment le style de Cyril Pedrosa sur Shaolin Moussaka. De nombreux clins d’œil cinématographiques sont saupoudrés avec légèreté (Harry Potter, le Silence des agneaux, Pirates des Caraïbes…). Peut-être Gabella charge t-il un peu la barque vers la fin (il faut suivre !)… Cette mise en bouche a néanmoins le mérite planter un ton et un décorum très réjouissants, prêts à accueillir une seconde aventure qui fut écrite avant la première. Une petite surprise, à découvrir !