L'histoire :
Hugo hébergeait Lola depuis plus d'un an, par pure amitié, sans avoir trahi le serment de fidélité qu'il avait fait à Eva dans les ruines de l'Allemagne de la fin de la guerre. La très jolie femme ressemblait pourtant terriblement à celle qu'il avait perdue des années plus tôt dans un bombardement. La mort de Lola dans l'explosion criminelle de sa voiture est inexplicable. Il ne lui connaissait pas d'ennemis, pourtant la police ne tarde pas à lui confirmer que ce sont des professionnels qui ont fait le coup. Des explosifs bien choisis, et surtout un détonateur trouvé bien après les fouilles par les enquêteurs, qui fait porter les soupçons sur son ami Nick. L'ancien fiancé de Lola qui, à la suite d'un accident, avait soi-disant perdu tout sentiment pour la jeune femme, est un expert en balistique. Un soir c'est d'ailleurs la voiture de Nick qui tente de l'écraser, et qu'Hugo pourchasse dans l'obscurité. Mais le conducteur disparaît et ne sera pas démasqué. Quelques jours plus tard, un cadavre est trouvé enterré au milieu d'une forêt, au moment ou Hugo découvre chez Nick une pellicule photo avec sept clichés mystérieux. Toutes ses certitudes vont basculer, il va poursuivre ses recherches en creusant sans vraiment comprendre tous les indices. Et continuer d'ignorer qu'à Berlin Est, Eva est bien vivante...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le suspense reste fort tout le long de ce second épisode, la mort surprise de Lola en dernière page du tome 1 ayant fait son effet. Le scénariste Toldac va dévoiler progressivement la totalité des surprises qu'il nous réserve, et qui sont nombreuses. Le contexte d'amitié entre le héros et Wernher von Braun, le scientifique allemand recruté par les Etats-Unis en 1945, est original. Il donne un ancrage particulier à cette intrigue d'espionnage sur fond de guerre froide. L'auteur ne cherche pas à appuyer le contexte historique, le sort d'Hugo éternellement amoureux d'Eva étant son fil conducteur cohérent. Le graphisme réaliste et classique de Philan convient tout à fait à ce récit assez traditionnel. Il déroule sans esbroufe des pages parfois denses, mais toujours lisibles. Le format du diptyque est un choix approprié pour un récit qui avait besoin de temps pour révéler ses ramifications finalement complexes. On suit la progression d'Hugo avec curiosité, sans toutefois être renversé par ce que l'on découvre. Le travail est bien fait, même s'il manque probablement la dose de spectaculaire que l'on pensait attendre d'une intrigue où se mêlent deux femmes à l'étrange ressemblance, et la course russo-américaine pour les premières fusées dans l'espace. Cela dit, si vous avez aimé le premier tome de ce Jeu de dames, ne résistez pas à la révélation de leurs derniers mystères !