L'histoire :
Gabriel débarque à l'aéroport de Lima ou l'attend José Luis, un détective privé qui a travaillé pour lui. Il est un peu tard ce soir pour entreprendre le trajet, mais des le lendemain les deux hommes vont aller retrouver Qinaya. Celle qui fut pour quelques mois la petite-fille adoptive d'un grand-père qui s'ignorait, mais ne s'est jamais remis du retour de la petite dans son pays natal. Son fils Alain a assumé l'entière responsabilité de l'adoption frauduleuse et en paye le prix en prison, ou Gabriel refuse de lui rendre visite. Mais rien ne va se dérouler comme prévu dans ce grand voyage que le vieil homme a entrepris seul. Il va rencontrer un grand-père comme lui, attaché à une petite fille pleine de vie. Il accompagnera quelques jours un quinquagénaire belge venu rechercher le corps de sa fille morte dans un tremblement de terre. Il boira des Pisco Sour en terrasse en parlant de sa boucherie. Parti de France avec un maigre espoir et une petite valise d'enfant au contenu surprise, il va finalement trouver au Pérou bien plus que ce qu'il était venu chercher.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le changement de ton entre les deux tomes de cette histoire touchante est impressionnant. On se gardera bien de dévoiler ce qui se cache derrière cette jolie couverture d'un grand-père déterminé avec son sac à dos. Idéalement, il faut même éviter le pitch de l'éditeur pour plonger avec Gabriel dans cette aventure au bout du monde et se laisser porter. Zidrou nous a laissés sur la clôture brutale d'une histoire familiale pleine de bons sentiments, heurtée de plein fouet par l'arrivée de la police et le départ de la petite-fille adoptive. Ce nouveau volume renverse totalement la perspective que l'on avait sur les personnages que nous avons connus, introduisant des nouveaux visages dont la rencontre va faire parcourir à Gabriel un chemin inattendu. L'auteur a l'habileté de mettre en scène la Garua, un tapis nuageux qui s'installe au bord de l'océan, un phénomène météo que l'on découvre avec lui, loin des clichés exotiques. Une idée aussi apparemment inutile que puissante dans la mise en scène de l'arrivée du grand-père à son hôtel. Une pure idée de bande-dessinée, visuelle et parfaitement exécutée par Arno Monin, qui témoigne de l'incroyable habileté du scénariste le plus étonnant de ces dernières années. Zidrou sait parfaitement doser ses atmosphères, distiller les sentiments les plus complexes dans des mises en scène d'apparence anodine. Cet album est un petit bijou en la matière, qui invite à se laisser faire pour participer à une promenade de plus en plus profonde et intime. La conclusion de l'histoire appelle une relecture immédiate des deux volumes. Le genre de sensation enthousiasmante que l'on adore ressentir.
