L'histoire :
Le petit Wajdi a déjà dix ans lorsqu'il rejoint la France et franchit le seuil de la belle villa de sa famille d'adoption. Des parents d'une quarantaine d'années, une sœur qui est déjà une jeune femme, et le jour de son arrivée un comité d'accueil très impressionnant et débordant d'attention envers lui. Mais le jeune garçon a du mal, ne serait-ce que pour enlever son manteau. Il ne comprend pas encore la langue que tous ces gens parlent. Une grande chambre l'attend, pleine des jouets regroupés par toute la famille, un chat qui s'est déjà installé sur son lit. Les premiers jours ne sont pas simples, le garçon n'est pas encore allé à l'école, il ne range rien dans sa chambre, il repousse les baisers sur la joue de sa nouvelle famille. Pleins de bonne volonté, soutenus par leurs amis qui trouvent leur démarche admirable, les Guitry vont faire preuve de patience. Le gamin a connu les pires horreurs dans son pays d'origine, et au cours du long trajet qui l'a conduit vers son pays d'accueil. C'est le début de l'école, les achats de vêtements, les premiers mots en français, les présentations à la famille. Mais face à la dureté du gamin, ne pouvant pas exprimer tout l'amour qu'ils ressentent, les parents adoptifs souffrent en silence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième album sur le thème de l'adoption, qui n'était pas vraiment attendu, Zidrou propose à nouveau un récit sur une expérience qui ne se déroule pas comme prévu, et les difficultés très humaines que rencontrent les protagonistes. Rien à voir avec les deux tomes précédents, ce nouveau diptyque démarre sur une toute autre famille, et un enfant tout à fait différent. Le scénariste utilise, cela dit, la même approche. Il met en scène la famille autour de son nouveau membre. Tous ces gens discutent gentiment des choses de la vie et bien entendu, la fin de l'album nous réserve une surprise. Pour ceux qui auront lu l'histoire précédente, l'effet de surprise est clairement passée. On sent même que des efforts sont faits pour nous faire patienter vers la deuxième moitié de l'album. La mécanique est la même, et c'est clairement une mauvaise idée de relire les tomes 1 et 2 avant d'attaquer celui-ci, sous peine de sentir un effet de répétition pas très agréable. Graphiquement, Arno Monin enveloppe tout cela de beaucoup de sensibilité. Il n'a pas son pareil pour dessiner les regards tristes des adultes déçus ou un peu perplexes. Le duo dessinateur-scénariste est parfait, la lecture est très fluide, et la tension vers une suite nécessaire est bien amenée. Pour ceux qui découvriraient ce duo d'auteurs, cet album pourra être une belle découverte. Ceux qui connaissent bien le travail de Zidrou resteront pour le coup un peu en attente, en lui faisant quand même confiance pour une suite originale.