L'histoire :
En 1929, afin de sauver leur couvent Saint Patrick du rachat par de riches industriels de l’agro-alimentaire, une congrégation de nonnes bénédictines du Massachusetts passe un deal avec le baron local de la pègre, Dan Carroll. Elles lui proposent en effet de conserver un pourcentage sur la vente d’alcool qu’elles distillent avec talent… alors que le pays est plongé en pleine prohibition. Parmi elles, se cache Maureen O’Hara, une ancienne prostituée repentie, qui rente de fuir sa vie passée sous le nom de sœur Holly. Malheureusement, son ancien proxénète et caïd de la mafia retrouve sa trace, au moment même où elle tente de prendre la tangente avec le fric récolté par la vente d’alcool. Cela serait trop simple si les fédéraux ne s’en mêlaient pas. Deux agents du FBI débarquent en effet pour enquêter sur le meurtre d’un jeune noir, par ce qui ressemble à des membres du Ku Klux Klan. Or les sœurs leur conservent leur porte close : il ne faudrait que le FBI découvre leur trafic d’alcool… et encore moins qu’elles séquestrent le père Matthew, lui-même membre du KKK et fils du propriétaire terrien qui veut s’approprier le couvent !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le résumé du début du départ des bases de ce tome 2 donne l’idée du gros boxon narratif dans lequel Gihef a plongé ses nonnes. Son scénario ressemble plus à un Vaudeville dans un couvent au temps de la prohibition, avec des enjeux religieux, fonciers, mafieux, financiers et racistes qui tirent de tous bords, plutôt qu’à un thriller historique crédible. Le registre se situe plutôt à la croisée de Sister Act et de O’Brother, et parfois à la frontière de la parodie ZAZ (Hot shots, Y-a t-il un flic pour…). En attendant, si le fond est léger et parfois les trouvailles souvent tissées de grosses ficelles (le faux curé violemment déséquilibré par son propre éternuement), le récit est une nouvelle fois très rythmé, bourré de rebondissements qu’on ne voit pas forcément venir et de répliques truculentes. Du pur Gihef, en somme, pour les adeptes, qui ne seront donc pas déçus. Au dessin, Christelle Galland poursuit sa veine artistique semi-réaliste enlevée et plutôt régulière, obéissant à des codes graphiques bien identifiés : d’un côté du polar mafieux des années 30, de l’autre à l’environnement religieux d’un couvent de bénédictines. Bref, ça se lit sans déplaisir, mais surtout avec un coup de gnole.