L'histoire :
L’orphelinat où réside le jeune Simon à l’automne 1941 a beau être situé en milieu rural, il n’en est pas moins en zone occupée. Or, quand on est juif à cette époque troublée de l’Histoire dans la partie nord de la France, le climat est pour le moins menaçant… Simon est persécuté par ses camarades, tous chrétiens, et martyrisé en classe par l’instituteur du village, pétainiste. Voilà à présent que deux gendarmes viennent le chercher, un peu penauds, pour qu’il rejoigne un camp d’internement comme l’y oblige la loi. Heureusement, Marinette (qui tient la pension) et monsieur le curé veillent et lui évitent momentanément d’être arrêté. La nuit suivante, ils organisent son transfert vers un établissement tenu par un ancien collègue séminariste, et réservé d’ordinaire aux enfants difficiles. Simon se voit donc contraint d’abandonner son copain Henri, et surtout un fabuleux terrain d’observation des oiseaux, sa grande passion. Une fois incorporé incognito au sein des « Oiseaux de passage », il n’a droit à aucun traitement de faveur. Malgré la rudesse des mœurs, il se lie d’amitié avec un autre pensionnaire, Tonino, juif également, qui fait du marché noir pour le compte d’un prêtre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’atout premier de cette nouvelle série tient dans la personnalité du héros, un petit garçon qui respire la bonne humeur malgré l’escapade à laquelle le contraint l’antisémitisme français durant la seconde guerre mondiale. En orbite autour de cette véritable bouffée de fraîcheur, les autres personnages et leurs desseins sont un peu plus caricaturaux. Il y a l’instit facho et pétainiste, le gentil curé qui aide les juifs en douce, le copain caïd qui montre la voie… Mais cela est au profit d’une œuvre sensible et profondément humaine. La référence la plus fidèle serait peut-être le film de Louis Malle Au revoir les enfants. Au-delà de la passion du jeune Simon, le rapport à l’ornithologie est l’occasion pour Laurent Galandon, dont c’est ici le premier scénario, de multiplier les métaphores sur la persécution des juifs : du vilain petit canard de la première planche, aux enfants qui s’échappent de la cage aux oiseaux, en passant par la migration des hirondelles lorsque le climat est malsain pour elles. En plus du devoir de mémoire ou de la chronique de guerre, cette aventure initiatique jouit d’une grande poésie grâce à la fraîcheur du dessin d’Arno Monin. Le dessinateur dont c’est également la première œuvre en bande dessinée, fait montre d’un style graphique peut-être pas nouveau mais déjà bien maîtrisé.