L'histoire :
Tout commence à cause de cette fichue loi salique. Celle-ci interdit en effet à une femme – donc à Isabelle, sœur du précédent roi Charles IV – de prendre la couronne de France. De fait, Philippe VI prend le trône, alors qu’il n’est que cousin du précédent roi. Isabelle lui colle donc une mandale, ce que n’interdit pas explicitement la loi salique. Or généalogiquement, le parent le plus proche de Charles IV, se nomme Edouard III et il est anglais ! Etant donné que les seigneurs français ne sont pas franchement prêts à confier leur royaume aux anglais, ce qui fait qu’une bonne grosse guerre débute, qui durera 116 ans – avec quelques trêves par-ci par-là, cela dit. Malgré leur régulière supériorité en nombre, grosso modo, les français se prennent de belles roustes par les anglais. Notamment lors de la bataille de l’écluse en 1340 : sur les côtes des Flandres, les français mettent tous leurs bateaux sur trois rangées, pour faire barrage aux anglais et les empêcher d’accoster. Quelques tirs de flèches enflammées de la part des anglais et 90% de la flotte française est facilement décimée… En 1347, au bout d’un an de siège anglais sur la ville de Calais, six bourgeois sont désignés pour apporter les clés de la ville aux assaillants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans leur bel élan humoristico-didactique, après avoir épinglé Napoléon et Cléopâtre, les éditions Bamboo cernent ici sous moult facettes la fameuse Guerre de 100 ans. Au passage, nous retenons qu’elle a été déclenchée en raison d’un désaccord de succession, qu’elle a duré en fait 116 ans, qu’on ne l’a appelée ainsi qu’à partir du XIXème siècle et… des dizaines d’autres anecdotes, de dates, de batailles, de figures emblématiques telles que Bertrand du Guesclin, Jeanne d’Arc, Gilles de Rais et tous les souverains rivaux. La démarche pédagogique est éminemment louable : on apprend rarement mieux qu’en s’amusant. En guise de synthèse utile et relativement complète, un dossier annexe de 6 pages termine comme à chaque fois l’album. Au cours de leurs gags, les scénaristes Christophe Cazenove et Hervé Richez en profitent aussi pour aborder d’autres éléments majeurs de la période, qui n’ont pas forcément de lien direct avec la guerre en elle-même : le schisme d’occident, la création du franc, Agnès Sorel… Les enfants retiendront forcément quelques notions ; les parents en profiteront pour une bonne révision. On pointe cependant un premier écueil inhérent à la (bonne) méthode narrative : l’objectif de la leçon prime toujours sur l’inspiration du gag. De fait, le ressort comique paraîtra souvent facile, mécanique, mollasson ou… distant du sujet. Un second écueil, plus évitable, vient curieusement du dessin : pourquoi donc Peral varie-t-il le chara-design des protagonistes récurrents ? (ex : Philippe VI de Valois n’a pas du tout la même tête sur le gag gauche de la page 8 et sur le gag droit de la page 9 !). Une meilleure cohérence sur ce plan aurait indubitablement aidé les enfants à s’attacher aux personnages, et donc aux faits historiques… Dommage.