L'histoire :
La guerre éclate en France et la mobilisation générale chamboule le pays. L’infanterie de Guingamp part en Belgique tandis que Sidoine reste en ville, désœuvré. Il est très en colère de ne pas faire la guerre avec les autres, en raison de son infirmité (Sidoine est manchot). Dans un café, il aperçoit l’avocat Merzin, avec lequel il a eu tant de démêlés médiatiques. Ce dernier est en tenue militaire, car il doit rejoindre son régiment de cavalerie à Pontivy. Sidoine en profite pour le ridiculiser, lui dire toute sa haine et le provoquer. La dispute finit mal et l’altercation devient violente. Merzin sort son épée mais Sidoine le désarme d’un grand coup de pied. Le combat tourne en faveur du mutilé de guerre. Sidoine hésite à tuer l’avocat pour se venger de tout le mal qu’il lui a fait, mais il finit par renoncer. De toute façon, les Allemands se chargeront bien de faire cette besogne à sa place. Sidoine en a assez de ne rien pouvoir faire en cette période de guerre. Il décide de prendre un vélo et de pédaler jusqu’à ce qu’il trouve le 48ème régiment de Guingamp. Il rencontre Lucien Gaétan sur la route. Ce drôle de forain a un métier des plus particuliers : il se fait payer à l’avance par des familles qui ont leur enfant ou leur mari dans l’armée. Il doit ensuite rechercher les soldats morts pour mettre des croix à leurs noms, afin que les familles puissent ensuite retrouver plus facilement leurs proches disparus. Peu convaincu, Sidoine se méfie de ce vagabond…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rien ne va plus pour le pauvre Sidoine, mutilé de la première guerre mondiale : son couple avec Aurélie bat de l’aile et il est toujours la proie des malversations de l’avocat Merzin. Pour faire de l’ordre dans tout cela, rien de tel qu’une « bonne guerre ». Sidoine va être servi, avec cette guerre qui fait rage à l’est. L’intrépide découvre les horreurs du conflit qui sont autant de clichés que nous connaissons tous aujourd'hui : des bombardements incessants, des officiers sans foi ni loi et des exécutions sommaires contre les traîtres. Le tome final du cycle joue sur un rythme effréné avec des actions et des combats violents. A tel point que l’histoire bascule dans le grand cirque outrancier dès le milieu de l’opus : Sidoine, en colère, canarde les soldats français à la mitrailleuse, car ceux-ci voulaient fusiller leurs propres soldats qui étaient en train de fuir devant les assauts allemands. Cette scène un brin absurde donne le ton : Sidoine se change en véritable Rambo de la Première Guerre Mondiale… avec une main en moins. On ne s’embarrasse plus de vraisemblance et le propos de la bande dessinée tourne à la caricature. On comprend bien la finalité de dénoncer les exactions de l’armée française et d'aborder une page sombre de notre Histoire... mais cela aurait bénéficié d'un poil plus de subtilité de la part des scénaristes Patrick Cothias et Patrice Ordas. Même le personnage de Sidoine est malmené et ne suscite plus aucune sympathie, malgré son courage et son intrépidité. Puis dès le milieu de l'opus, l'intrigue fait place à l’après-guerre et le combat de Merzin pour réhabiliter les soldats français assassinés par leur propre armée. Le propos est intéressant, mais il est encore une fois traité de façon un peu grossière. Les événements s’enchaînent sans émotion et le rythme est trop rapide pour emporter le lecteur. Le dessin de Christelle Galland est quant à lui fin et expressif, quoique accompagné de couleurs parfois curieusement vives, eu égard au registre...