L'histoire :
En 1848, Gilbert Prius, fils de Nathan Prius, est désormais l’héritier et le propriétaire du Liberty Herald, un journal d’information de la côte Est américaine (à Richmond, Virginie). Alors qu’il s’apprête à léguer l'entreprise à son fils Alexandre, il fait une annonce désagréable à son conseil d’administration. En effet, l’héritier de la famille ennemie, Philipp Ellis, petit-fils de George Ellis, vient de quitter son Angleterre natale pour reprendre les affaires du journal concurrent, le Richmond News. Or il a bien l’intention de développer son journal en marchant sur les plates-bandes du Liberty Herald. Le rédacteur en chef du Richmond News, Seymour Peadody, est rapidement mis au pas. Il va s’agir de fouiller dans les poubelles de la famille Prius pour les discréditer au maximum, si possible du côté des origines mexicaines de l’épouse de Gilbert. Or, cette époque est aussi celle de la ruée vers l’or en Californie. Alexandre Prius monte une expédition, qui permettra de faire coup double : un reportage sur la prospection et l’achat sur place d’une concession. Il emmène avec lui une jeune femme noire et artiste, doté d’un talent particulier pour dessiner de manière réaliste les scènes marquantes de son époque. Avec un système de coursiers et un expérimenté graveur sur laiton à Richmond, Alexandre est persuadé de tenir là une petite révolution dans la presse de reportage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le journal fait un bon d’un demi-siècle dans le futur, mais il met toujours en scène les deux familles ennemies, les Prius et les Ellis, autour du développement de la presse aux USA au cours du XIXème siècle. Sur le plan technique, 1848, c’est l’époque de l’industrialisation, avec l’apparition d’impressionnantes rotatives. Mais aussi de la diversification, avec des illustrations d’artistes que des graveurs doués parviennent à imprimer. Voire encore de la chasse aux scoops, avec le développement de moyens de communication modernes, permettant de véhiculer rapidement les informations spectaculaires, depuis les grandes plaines jusque vers les cités de la côte Est, en plein essor. Il est aussi question de ruée vers l’or en Californie, de racisme et de colonisation… Philipp Ellis est plutôt esclavagiste, là où Alexandre Prius se montre d’une ouverture avant-gardiste envers une « négresse » artiste au tempérament indépendant qui… devient sa compagne. Les lecteurs de 2023 trouveront sans doute, à raison, cette tolérance par trop anachronique (étant donné qu’elle est néfaste aux affaires). La série tourne alors au western, avec une expédition à travers les dangereuses terres indiennes. Parfaitement documentée et riche en sujets, la narration de Patrice Ordas n’est cependant pas très fluide… la faute sans doute à un trop important souci du détail (un comble !). Le dessin de Philippe Tarral insiste quant à lui beaucoup sur l’expressivité de personnages réalistes, vraisemblablement inspirés d’acteurs du 9ème art (on reconnait Hugh Grant à travers Philipp Ellis et sans doute Jeff Daniels dans Gilbert Prius). La colorisation criarde ne rend pas hommage, là non plus, aux gros efforts de reconstitution historique.