L'histoire :
Au moyen-âge, tandis que Jehanne d'Arc lève une armée pour bouter les anglais hors de France, le petit Piik, apprenti herboriste, a entrepris une toute autre quête : apprendre à lire. En effet, il veut déchiffrer la lettre que lui a laissé sa maman avant d'être brûlée sur un bûcher (pour sorcellerie), une lettre magique dont les mots ne se révèlent qu'à lui seul. Il a quitté son papa, bourreau de la cité de Bourdigal, pour apprendre la lecture auprès de l'herboriste de Chinon. Mais aujourd'hui, l'herboriste de Chinon est venu quérir l'aide du bourreau de Bourdigal, car Piik a été enlevé par deux inconnus ! Aussitôt, les amis de Piik décident de partir à sa recherche. Parmi eux, la muette Sallertaine parvient, à l'aide de magie, à parler à travers la voix de Childéric, le petit aveugle. Elle sait où se trouve Piik et propose de suivre deux petits oiseaux, qui vont les conduire jusqu'à la tour de Merle, une forteresse isolée et magique. C'est effectivement là que se trouve Piik, mais pas vraiment prisonnier : il est en compagnie de son vrai père, le mage Herald, qui s'est auto infligé le sortilège terrible de rester enfermé en ce lieu, afin de ne pas nuire à autrui avec sa magie. L'âme de la mère de Piik se trouve là, elle aussi, dans le corps du renard Olaf. Tous deux devisent sur le destin fabuleux qui s'offre à leur fils Piik, si ce dernier accepte d'embrasser pleinement son don de magie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième opus met un terme à la première série « de genre » scénarisée par Christophe Cazenove, le « monsieur gag » des éditions Bamboo. On peut certes généralement trouver à ses séries gaguesques une certaine routine via des ressorts humoristiques récurrents, mais Cazenove aura assurément cherché l'originalité avec la quête initiatique de ce gamin à longue mèche rousse. Car a contrario des contes de fées ou des traditionnels élus de prophétie, Piik ne cherche ni anneau magique, ni délivrance de princesse. Sa quête à lui, c'est l'apprentissage de la lecture, un objectif autrement plus réaliste et sain que tous les super-pouvoirs conférés par un héritage sans effort. Car Piik est Piik (et Colégram ?). Avec cet épisode, le plus emprunt de magie de tous, toutes les zones d'ombres seront éclaircies, même si les décisions et les mécanismes narratifs ont un peu tendance à être un brin capilotractés. Au moins, Cazenove sort-il des sentiers battus. Vous saurez donc les réelles racines familiales de Piik, le message confié par sa mère, les conséquences des sortilèges en vigueur et le destin qu'il choisit d'embrasser. Et tout n'est pas bien qui ne se finit pas bien : un personnage important trépasse ; et il n'y a pas, à court terme, de vie heureuse avec beaucoup d'enfants. Au dessin, Cécile termine le job professionnellement, de son style semi-réaliste qui conviendra à un très large public, vivement colorisé par Sandrine Cordurié. Cécile ne se disperse certes pas avec les arrières-plans souvent secondaires, et inscrit logiquement cette grosse quantité de révélations et de retournements de situations au sein d'un découpage serré.