L'histoire :
2014, Manuel atterrit au Congo et se dirige en pickup avec Clémence, primatologue et responsable de l’expédition, vers le village de Mbomo. Manuel doit réaliser un carnet de voyage sur le thème de l’expédition scientifique afin de faire connaître le travail des chercheurs. Clémence réalise sa dernière expédition, elle en est persuadée. Les fonds pour la recherche manquent et la problématique des primates n’est plus une priorité. Comble de malchance, sa hiérarchie lui colle un dessinateur empoté sur le dos. Arrivé dans le village, les affaires à peine déchargées des véhicules, un esclandre se fait retentir. La police anti braconnage a fait une belle prise. Deux braconniers appartenant à l’équipe de Pépito Ghislain Ngondjo, dit l’Eternel. Ce dernier semble protégé par un sorcier qui l’aide dans ses larcins et à répandre la peur auprès des habitants des villages alentour. Profitant que l’équipe scientifique prépare l’expédition pour quatre mois d’autonomie totale, Manuel franchit les barrières délimitant la zone protégée de l’équipe et de la police anti braconnage pour rencontrer les habitants du village. Fascinés par ses dessins, ces derniers le prennent pour un magicien. Au cœur de la forêt, la légende du Oki est tenace, celui qui invoque l’esprit le regrette en retour.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daniel Alexandre dit A.Dan, déjà auteur (entre autres) de Jazz aux éditions Grand Angle, quitte l’univers de Marcel Pagnol pour la chaleur étouffante de l’Afrique. Le Oki d’Ozala est une œuvre de fiction tirée d’un carnet de voyage qu’il a réalisé en 2014, Des gorilles et des hommes aux éditions de La Boîte à Bulles. L’auteur nous plonge sans ménagement dans les croyances africaines, à coup de sortilèges macabres, d’invocations d’esprits divers et variés et de sorciers plus ou moins crédibles. Le scénario est bien construit et vivant, mêlant la lenteur de l’observation des individus dans un mirador et l’accélération des scènes d’action des quelques coups de filets de la police anti-braconnage. En plus de mettre en valeur le travail des scientifiques, l’album met en lumière le travail incessant, au risque de mettre en danger leurs familles, des membres de la brigade anti braconnage. Les braconniers locaux sont à la solde de commanditaires presque exclusivement chinois qui contrôlent les routes de l’ivoire, malgré une interdiction internationale. Effectivement, « l’or blanc » est synonyme de prestige et d’ascension sociale en Asie et plus particulièrement en Chine - la ville de Hong Kong est un haut-lieu de l’ivoire. A. Dan est un auteur complet puisqu’il a réalisé aussi le dessin. Son coup de crayon semi-réaliste est mis en valeur par une belle aquarelle. Ce one shot met en lumière les croyances d’un peuple et se focalise sur les cicatrices de la contrebande qui gangrène le Congo, jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir.
