L'histoire :
Jean Vatine vit en Argentine, il a laissé son usine aéronautique en France juste avant la fin de la guerre. Il cherche à redémarrer sa carrière en développant un prototype d'avion qu'il veut proposer à l'état argentin, très ouvert aux technologies en provenance d'une Europe déchirée par le conflit. Mais sans relations avec le gouvernement, il ne parvient pas à décrocher un rendez-vous et bute sur des fonctionnaires sans envergure et sans pouvoir de décision. Lors d'un meeting aérien il cherche à approcher Eva Duarte, la très populaire jeune femme qui accompagne Peron dans sa tentative de conquérir le pouvoir lors des élections toutes proches de 1946. Mais la vedette attendue ne se montre pas au rassemblement, et Jean en conclut qu'il ne parviendra jamais à faire décoller son projet. Il confie à son employé Albert son découragement et la nécessité pour ce dernier de repartir en France. En colère contre lui-même, il ne voit pas la voiture qui arrive lorsqu'il recule pour quitter les lieux, et se fait emboutir par une très élégante femme blonde appelée Consuela Martinez. Lorsque la très élégante femme apparaît au pied de son lit d’hôpital, Jean apprend qu'elle est une amie d'enfance de la future Eva Peron. Elle lui propose d'obtenir pour lui un rendez-vous. C'est le début pour Jean d'une aventure industrielle et amoureuse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jack Manini poursuit son travail de scénariste qui construit des histoires sur les grands événements du siècle dernier. Il nous plonge, cette fois en deux tomes, dans le bouillonnement qui règne dans l'Argentine de l'immédiat après-guerre, lorsque les autorités accueillaient à bras ouverts les scientifiques de toutes nationalités, et notamment allemands, qui pouvaient contribuer au développement de leur pays. Comme il se doit, l'histoire se double d'une aventure amoureuse, et de la relation compliquée entre Jean et son fils. Les événements clés de la montée du peronisme sont insérés dans l'album et permettront au lecteur curieux d'aller chercher plus d'infos sur l'un des régimes les plus emblématiques du populisme, et qui irradiera la vie politique argentine pendant des décennies. Manini ne dessine pas lui-même cette aventure, confiée à Michel Chevereau qui anime les personnages et les engins d'une jolie plume réaliste, très classique. Ce premier tome progresse de manière agréable, les quelques ficelles un peu convenues du scénario étant compensées par un contexte historique riche, et un beau suspense final. La conclusion prévue au prochain tome et donc un bouclage en moins de quatre mois a tout pour rassurer le lecteur qui aura été sensible à l'accélération soudaine de l'intrigue en fin d'album. Les pages didactiques très complètes apportant une caution supplémentaire à ce récit historique bien réalisé.