L'histoire :
Depuis la mort de leurs parents, Irénée ainsi que son frère Casimir vivent et travaillent chez leur oncle épicier. Les rapports sont souvent orageux, car Irénée n’est pas des plus courageux pour mettre la main à la pâte. Le jeune effronté est persuadé qu’il a un don, un talent caché, pour une autre carrière qui lui rapportera des millions de francs. Son oncle est désolé par cette folie des grandeurs, lui qui estime que les morues séchées, les anchois ou encore les croissants sont les seuls moyens de vivre dignement. Irénée pense qu’il est un acteur né. Si Dieu lui envoie sa chance, lui aussi aura son nom sur les affiches et sur les façades lumineuses des cinémas. Dieu n’est pas fou : malgré quelques fantaisies comme la famine, la peste, la guerre et les inondations, il est sûr que c’est une personne de bon sens !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un Schpountz est un individu prétentieux, un peu stupide, vaniteux qui est convaincu d’être un acteur exceptionnel et dont se jouent les autres acteurs, les producteurs de cinéma. Le film de Marcel Pagnol sorti en 1938, avec Fernandel dans le rôle principal, se base sur une anecdote réelle. C’est à la fois une critique de la profession des métiers du cinéma, mais également une déclaration d’amour pour ce milieu qu’il affectionne. L’adaptation BD de cette fable cruelle se veut très fidèle à l’œuvre originale. On peut notamment saluer le talent des auteurs qui n’ont pas dénaturé l’esprit pagnolesque. Les protagonistes sont hauts en couleur, touchants, parfois dramatiques ou pathétiques. Les travers du Schounptz sont traités avec une certaine humanité, ce qui le rend attachant. Les dialogues très denses sont évidemment truculents et nous immergent pleinement dans la Provence que chérissait Pagnol (même la typographie est adaptée pour accentuer certaines tonalités). Il ne manque que le bruit des cigales pour s’y croire. Le dessin est maîtrisé, travaillé, mais un poil trop caricatural, presque cartoonesque. Ce choix n’était pas indispensable pour donner une dimension humoristique au récit. Le découpage fait preuve d’originalité et les teintes majoritairement sépia siéent parfaitement avec le cadre de cette histoire. Encore un album très concluant dans une collection ambitieuse et de qualité constante.