L'histoire :
6 années ont passé. La passion qu’entretien Catherine pour l’eau lui vaut à présent d’être prof de natation. Elle habite en colocation avec un couple d’amis et profite de vacances estivales pour garder son neveu Lucien (5 ans), tandis que sa sœur est en déplacement professionnel. C’est alors qu’elle tombe sur l’avis de décès de sa mère. Paradoxalement pour le commun des mortels, cette nouvelle la réjouit. En effet, victime d’inceste durant l’enfance, Catherine a depuis lors entretenu une grande aversion pour sa mère. Elle pâtit encore aujourd’hui de troubles psychologiques. Elle décide donc d’aller s’exorciser une bonne fois pour toutes en rendant visite à son père dans l’Aveyron. Accompagnée du petit Lucien, plutôt content de revoir son grand-père, elle préfère néanmoins loger à l’hôtel. Les premiers temps avec son père sont difficiles. Elle lui reproche sa lâcheté passée. Si lui ne s’est jamais livré aux attouchements, il n’a jamais rien fait pour l’en préserver non plus. Les souvenirs douloureux remontent facilement et installent une certaine distance. Peu à peu, en discutant avec lui, en faisant un travail sur elle-même, et en se purifiant de baignades et d’averses, elle apprend à accepter et à s’aimer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le style Catherine referme de belle manière l’introspection relativement inédite à laquelle se livre depuis deux tomes la jeune héroïne de Thierry Bouüarts. S’appuyant toujours sur un traitement narratif original, ce 3e volet touche enfin au but recherché et s’impose comme la clé de voûte de la trilogie. Car cette histoire n’est ni plus ni moins que le carnet intime d’une victime d’inceste qui cherche à cicatriser de ses blessures à l’âme. Dans ses encadrés de voix-off, Catherine tutoie le lecteur et entretient avec lui une relation exclusive. Du statut de lecteurs, nous voilà devenus psychanalystes ! Patiemment, nous aidons Catherine par notre écoute à panser ses blessures, même si cela doit nous transformer inévitablement en voyeurs. Thierry Bouüarts ne fait d’ailleurs rien pour nous éviter d’assister à des scènes très… personnelles, pour renforcer cette proximité qui n’a rien d’indécente. Le rapport à l’eau, psychologiquement nécessaire pour laver de la souillure de l’inceste est-il juste peut-être un peu lourd (Catherine s’en délecte en permanence). Graphiquement, Bouüarts emploie à nouveau son « style moucheté » avec néanmoins plus de retenue. Ses planches alternent de superbes cases (les plans larges : paysages et ruelles du village, ou le travail sur l’eau et la lumière) et d’autres plus rapidement exécutées (les plans moyens sur Lulu ou le papa). Une œuvre androgyne poétique et attachante…