L'histoire :
Dans son saloon de Cowpoke canyon, Lisa assiste au début de campagne de l'insipide Coleman, qui veut se faire élire maire de la ville. La seule stratégie qu'il met en avant est de séduire les hommes du bourg en promettant tout ce qu'ils veulent entendre, aiguillonné par Madame Oswell qui envisage un double statut d'épouse et de notable se dessiner pour elle. Parmi ses engagements, l'arrivée au village d'un train de jeunes femmes orphelines n'est pas le moins populaire. Mais Lisa ne l'entend pas de cette oreille, et décide un coup d'éclat : elle veut que son bar devienne chaque jour une école pour les enfants de la ville. Elle ne peut plus supporter le sort de simples bêtes de somme qui est réservé aux enfants que l'on a fait traverser les Etats-Unis dans les trains d'orphelins. Et pour atteindre ce but, elle gardera son saloon fermé jusqu'à obtenir gain de cause. 70 ans plus tard, Joey décide d'entreprendre le périple vers l'Irlande. Son enfance à Cowpoke Canyon est bien loin maintenant, mais la recherche de ses racines plus forte que ses vieux os.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La saga bon enfant et grand-public de Philippe Charlot poursuit son chemin, portée par une double intrigue qui fait sa force : les mêmes personnages dans leur jeunesse en plein western, puis plongés dans leurs vieux jours dans l'Amérique moderne. Les mésaventures de Cowpoke Canyon en période électorale sont plutôt drôles, et finalement très loin de la tristesse sociale évoquée dans les premiers tomes de la série. Coleman le ridicule et sa future femme qui le manipule sont des personnages humoristiques, tandis que la volonté de Lisa est pleine de la naïve innocence des dessins animés classiques. Le parcours contemporain et solitaire de Joey à travers les Etats Unis, puis vers l'Irlande est en revanche plus nostalgique, donnant à ce nouveau diptyque une saveur contrastée particulière. Xavier Fourquemin met joliment en évidence cette mélancolie douce lorsqu'il montre Joey marchant sur le quai devant un paquebot immense en page 24. La série se poursuit donc comme une grande histoire de famille racontée avec habileté, même si ses rebondissements sont bien plus légers que la manipulation de Harvey qui avait rythmé les premiers tomes. Les fans s'y retrouveront néanmoins, tant les deux auteurs mettent en scène leurs personnages gentils et touchants avec délicatesse, et une volonté visible de susciter l'émotion.