L'histoire :
Charlotte grandit. A 15 ans, sa mère exige de son père qu’il ait une discussion « parentale » avec elle. Il est censé lui causer des garçons… mais il ne sait pas très bien s’y prendre et élude clairement le sujet. Cela amuse Charlotte qui raconte l’approche maladroite de son père à sa copine Meï, par courrier manuscrit interposé. Or c’est amusant : le père de Meï a tenté approximativement la même démarche, de manière toute aussi maladroite. Cet épisode passé, la copine Marie-Nat propose à Charlotte de vendre quelques-uns de ses livres à une brocante. Ça ne sert à rien qu’elle en conserve autant, elle ne les relira jamais tous. Autant qu’elle ne garde que ceux auxquels elle tient vraiment, en prenant soin d’avoir toujours la stricte même quantité sur ses étagères. Charlotte débute alors un tri compliqué et remplit un carton de bouquins à vendre. Le lendemain, elle déballe les livres sélectionnés sur la planche et les tréteaux dans la rue… Mais à peine l’un des livres a-t-il été acheté (La chasse au Snark, de Lewis Caroll), qu’elle se souvient cruellement de sa provenance ! Elle s’était promis de le lire à la plage, en compagnie de Meï qui le lui avait offert. Aïe aïe aïe… Voilà Charlotte qui court après le monsieur à moustache pour tenter de négocier le rachat de son livre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ajoutez 10 au numéro du tome : vous obtiendrez l’âge de nos jeunes protagonistes, qui entretiennent une relation épistolaire d’amitié comme il n’en existe que de manière extrêmement rare de nos jours. 15 ans, chez les filles, c’est l’âge où on commence à s’émanciper de la tutelle et de l’autorité parentales, où l’on connait ses premiers émois amoureux, où l’on gagne ses galons d’adulte autonome et responsable. Pour autant, le scénario de Christophe Cazenove et d’Ingrid Chabbert prend soin de ne pas trop aventurer ses héroïnes sur des territoires trop intimes et irréversibles. Charlotte et Meï conservent des occupations très « sages », qu’elles partagent par courriers interposés, toujours publiés pleines pages, comme des respirations entre les séquences BD. Ces lettres ne révèlent jamais rien d’autres que l’apprentissage de leurs émotions réciproques : c’est à la fois tout le sel et la limite de cette série, qui tente de réhabiliter l’écrit manuscrit, à une ère digitale de domination absolue. Les vies de Charlotte et Meï progressent ainsi de manière relativement réaliste, c’est-à-dire sans rien de très spectaculaire. Charlotte a un copain et doit jouer un rôle au théâtre ; Meï se remet à la boxe et organise sa vie de grande sœur au sein d’une famille partagée entre parents divorcés. Le dessin de Cécile s’avère quant à lui toujours aussi agréable, régulier, abouti et doux, pour mettre en scène cette belle histoire d’amitié, sans sensationnalisme.