L'histoire :
Une fouille organisée devant le lavoir du village est à deux doigts de piéger Jules, qui a emporté avec lui l'arme du soldat allemand retrouvé mort dans les bois. Mais Georges, le russe exilé, poète et ami de Jules, trompe les miliciens en jetant dans l'eau son étui à cigarettes, en même temps que le jeune breton y envoie le pistolet. Une nouvelle fois, ils réussissent à conserver leur liberté, alors que les troupes allemandes qui occupent le village sont de plus en plus nerveuses et agressives. Les alliés ont commencé à débarquer en Normandie, Saint Nicolas du Pelem fait partie de ces villages bretons où les autorités de l'occupant tentent de maintenir coûte que coûte leur domination. C'est Tina qui prend la responsabilité d'aller récupérer au lavoir l'arme restée cachée sous l'eau. Elle est alors bien malgré elle raccompagnée par un lieutenant allemand qui a du céder son lit à des nouvelles troupes arrivées au château. Il exige alors, avec politesse mais fermeté, d'être hébergé chez la jeune femme. L'arrivée au village d'un Oberstrumbannführer va en effet donner le signal d'un durcissement radical. Les recherches des assassins du soldat vont s'accompagner d'un déferlement croissant de violence aveugle. Au cœur duquel Jules et Georges vont voir leur vie basculer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La clôture de ce diptyque montre une belle progression dans la technique du dessinateur Damien Cuvillier. Si les premières pages de l'album restent marquées avant tout par la couleur directe et des personnages qui se fondent un peu dans le décor, un encrage plus appuyé fait faire un bond à la lisibilité de ce deuxième volume. Le changement s'opère vers le milieu du récit, juste avant que le déferlement de violence fasse basculer ce qui aurait pu n'être qu'une chronique villageoise en temps de guerre. Les personnages deviennent alors plus durs et la violence à son paroxysme parvient à provoquer un véritable sentiment de malaise, très certainement voulu par le scénariste. Gérard Cousseau ne nous épargne rien, faisant clairement passer le message de l'ignominie du comportement des miliciens, incarnés par le répugnant Daiguer et ses acolytes. Ce durcissement radical surprend dans un premier temps, avant que la fin de l'album donne un sens nouveau à l'ensemble de cette tranche d'histoire. Même si les thèmes et le style graphique de ce projet rappellent d'autres albums récents et ne surprennent pas outre mesure, Les souliers Rouges reste un récit bien construit, à la conclusion très habile.
