L'histoire :
Glenn a raté sa vie. Elle est lente et monotone, elle est triste. Il a fini sa vie professionnelle au chômage, il est désormais retraité. La femme de sa vie, Jude, s’est mariée il y a quarante ans avec son meilleur ami, Max. Il continue de les voir, de passer chaque jour avec eux, dans le pub de Max, le Yellow Submarine. Les trois amis sont des inconditionnels des Beatles, détestant Yoko Ono la traîtresse, méprisant les bad boys des Rolling Stones. Le pub est rempli de reliques, dont le costume de Sergent Pepper que les deux amis portaient le soir où Glenn est tombé amoureux de Jude, et où elle est tombée amoureuse de Max. Au premier baiser. Glenn met du beurre dans ses épinards en livrant des mallettes dont il ne connaît pas le contenu. Ça lui permet de faire des petits week-ends à la campagne et de vivre le reste du temps avec ses amis. Mais Jude en a marre des frasques de Max, éternel excentrique, quand son ami est tout en retenue. Alors que Max organise une grande soirée costumée sur le thème des Beatles pour fêter le mariage de leur fils, tout leur univers bascule.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir bouclé leur deuxième collaboration l’an dernier avec le deuxième tome de Ellis Island, Philippe Charlot et Miras reviennent sur un autre rêve, celui de la génération Beatles. Charlot imagine une histoire à trois entrées. La toile de fond, c’est le grand débat de ces cinquante dernières années en Angleterre : Beatles ou Rolling Stones ? Bien plus intéressant que le Blur / Oasis, bien plus meurtrier et féroce que le Liverpool / Man U., le Beatles / Stones fonde un art de vivre. Sur cette toile, se tisse un triangle amoureux. Le copain drôle et extraverti, fan des Stones contrarié depuis qu’il est tombé amoureux de Jude qui elle, est fan des Beatles comme son amoureux transi, muet et introverti de toujours, Glenn, l’ami fidèle. La comédie romantique pourrait se suffire à elle-même, mais Charlot y ajoute un fond de thriller qui pimente le tout : Glenn le fidèle, le taiseux, le transparent se retrouve embringué avec la pègre et les choses vont se compliquer. On prend beaucoup de plaisir à lire cette BD qui nous entraîne dès le début dans les pensées du héros, ou du anti-héros qu’est Glenn, triste et désenchanté. Le loser parfait, qui prend sa revanche sur la vie, un peu tard. Les personnages sont beaux et intéressants à l’intérieur, moches et cabossés par la vie à l’extérieur. Le trait semi réaliste de Miras n’épargne pas les gens, ses ambiances et ses décors sont très efficaces. Le séquençage est d’une grande efficacité pour une collection (Grand Angle) qui vise à rapprocher encore plus le 9ème art du 7ème. L’extraordinaire champ / contre-champ de la page 48 en est un parfait exemple. Bref, cet album est une réussite, et on se demande bien comment il pourrait y avoir un tome 2 tant la fin est efficace. Mais ouverte, bien sûr…
