L'histoire :
Comme tous les mercredis, Eloïse s’entraine à quelques figures de patinage artistique, lorsqu’elle renverse un homme qui ne sait pas du tout patiner. Pour se faire pardonner, elle lui paie un café au bar de la patinoire. Un peu bourru au début, Antoine finit par rompre la glace et par engager une discussion aimable. Les deux font connaissance et s’entendent même plutôt bien. Antoine la convainc d'ailleurs de lui donner des cours de patinage tous les mercredis. Ainsi, au fil des semaines, ils font plus ample connaissance et découvrent qu’ils partagent énormément de goûts en commun : pour les animaux (Antoine est vétérinaire), pour l’art moderne, pour les restos végan… Marc est veuf et il séduit clairement Eloïse. Or Eloïse traverse une période difficile avec son mari Marc : depuis la mort de son père, ce dernier est renfermé sur lui-même, en dépression… Il n’est pas désagréable, mais absent. Notamment lorsqu’il dit qu’il va faire un footing, mais qu’il revient deux heures plus tard sans sentir la transpiration. Eloïse ignore qu’en réalité, Marc consulte un psy à l’autre bout de la ville. Or ce psy, c’est Antoine ! Il n’est ni véto ni veuf, mais il est progressivement tombé amoureux d’Eloïse, une femme parfaite, en écoutant son patient en parler. Et il a alors tout fait pour provoquer la rencontre et répondre à ses goûts…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça marche comment, exactement, le mécanisme de la conquête sentimentale ? Comment se tissent les multiples mailles des histoires d’amour ? Peut-on appliquer une méthode qui fonctionne néanmoins à tous les coups ? Jusqu’à quel point la psyché humaine peut-elle s’auto-manipuler pour suivre une pente artificielle, par pure vanité ? C’est ce genre de question que pose ce one-shot d’un roman de Bernard Jeanjean, adapté au dessin par Louis. Ici, un psychologue divorcé se lance dans la séduction méthodique et clandestine de la femme de son patient, tellement ce dernier la décrit comme étant parfaite. De fait, il manipule son patient d’un côté et répond favorablement à toutes les attentes de sa femme, jusqu’à entamer une relation… mais nous n’en dirons pas trop. L’intrigue sentimentale n’est cependant pas aussi caricaturale et manichéenne qu’ainsi présentée. Cette histoire s’inscrit clairement dans la lignée des albums de Jim, qui creusent la veine des relations amicales/amoureuses divergentes (Une nuit à Rome, Les grands jours, Héléna, L’invitation, Une petite tentation…). Le lecteur / la lectrice s’interrogera forcément sur son propre ressenti, ses propres réactions, s’il / elle se trouvait en pareille situation. Etant donné le propos, le gros du challenge relevé par le dessinateur Louis est de mettre en scène des dialogues en milieu urbain contemporain en immergeant dans la juste émotion. Son jeu de phylactères attachés et alternés, parfois très nombreux et évoluant à travers plusieurs case, est sans doute l’un des plus poussé dans le genre. Jamais l’œil ne se perd dans la discussion et pourtant, il y aurait de quoi ! A quelques petites facilités près, la chronique sentimentale est réussie, humaine et touchante.