L'histoire :
La nuit du 17 juillet 1918, la famille Romanov – c’est à dire le Tsar de Russie, sa femme et ses quatre filles – est exécutée au rez-de-chaussée de la villa Ipatiev. Sans attendre qu’ils soient refroidis, les cadavres sont ensuite emmenés en camion jusqu’à l’entrée de la mine de Koptiaki, déversés dans un trou et recouverts d’acide. Est-ce la fin de la dynastie Romanov ? Pas sûr… Car Félix Volodine, un jeune officier officiellement tchékiste – mais secrètement loyaliste – a réussi à sauver la plus jeune des filles, Anastasia, dont il est tombé follement amoureux. Malgré sa mâchoire cassée, son corps lardé de coups de baïonnettes, la jeune femme a été discrètement soustraite aux autres corps dans la pénombre. Puis elle a été soignée dans une maison des faubourgs d’Ekaterinbourg. Six mois plus tard, elle est pleinement rétablie et se fait passer pour une cousine de Volodine. Mais une rumeur enfle, comme quoi Anastasia aurait survécu… des tensions se nouent autour du charnier de Koptiaki, dont l’accès est disputé entre l’armée blanche et les bolcheviks. Nul ne suspecte la « cousine » de Volodine, qui elle-même a conscience de la situation politique complexe de son pays. Elle a d’ailleurs déjà fait le deuil de son trône. Mais une jeune femme, Franziska, qui a partiellement vécu en marge de la famille Romanov, a été violentée la nuit de la tuerie et a perdu la tête : elle est aujourd’hui persuadée d’être la Grande Duchesse. En avril 1919, le juge Sokolov, impartial et rigoureux, est dépêché à la villa Ipatiev et à Koptiaki pour mener une enquête précise et établir la vérité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les désormais inséparables scénaristes Patrick Cothias et Patrice Ordas continuent leur œuvre de « vulgarisation historique » (romancée). Avec cette trilogie en devenir, ils proposent une hypothèse de la légende qui voudrait qu’Anastasia Romanov, héritière du trône de Russie, ait survécu au massacre de sa famille en 1918. Le premier tome exposait des faits connus et introduisait la variante plausible : un officier loyaliste « exfiltrait » et soignait Anastasia. Cet exposé des faits se révélait assez piquant à suivre, dans le sens où il se raccrochait à l’Histoire admise, pour en proposer une version romanesque ou fantasmée… et ouvrait vers de potentiels bouleversements politiques. Ce second opus reprend 6 mois plus tard, alors que la jeune femme s’est pleinement remise du drame. Il déroule deux intrigues majeures. D’une part, une enquête officielle est déclenchée, pour laquelle le héros Volodine joue un rôle, afin d’établir une vérité sur le « tsaricide » familial. D’autre part, une folle croit être Anastasia et participe à sa manière à la confusion qui perdurera jusqu’à aujourd’hui quant à la survivance de la Grande Duchesse. En parenthèse culturelle, notons que les plus récentes études et analyses ADN (de 2008) tendent à prouver que tous les Romanov ont bien été enterrés aux alentours de Koptiaki. Si les rebondissements musclés de l’enquête sont tout à fait prenants, en revanche l’état d’esprit et le rôle de Franziska (la folle) sont moins limpides. L’alternance entre les deux fils narratifs, aux intentions un peu floues, contribue aussi à délayer l’intérêt du lecteur. Par ailleurs, on peut s’étonner du résumé de l’épisode précédent, toujours proposé au début des albums de la collection Grand Angle de Bamboo : le texte imprimé serait en effet plus approprié au tome 3, étant donné qu’il dévoile une large partie de ce tome 2 (merci pour la surprise…). La dessinatrice Nathalie Berr poursuit quant à elle l’illustration de l’aventure historique, toujours avec un grand soin réaliste, très appréciable. Si on titillait, on dénoterait juste quelques expressions de visage figées…