L'histoire :
En février 1920, à Moscou, les membres des services de renseignement de la Tchéka se rendent à l’évidence : il manque bien un corps de la famille du Tsar, dans la fosse commune de la forêt de Koptiaki où les Romanov ont été enterrés. Il s’agit donc d’une part, de liquider discrètement Anastasia, la cadette qui aurait survécu, et d’autre part, d’ajouter rapidement un squelette ressemblant dans le charnier, afin d’étouffer tout espoir de retour d'un régime tsariste. Une mystification est donc organisée, qui ne souffre d’aucun témoin. Pendant ce temps, à Berlin où ils se sont réfugiés, le colonel Volodine de l’armée blanche tente encore et toujours de dissimuler les réelles origines d’Anastasia. La police allemande se montre toutefois plus qu’insistante pour relever les mensurations médicales de « Madame Koster », officiellement la cousine de Volodine, officieusement Anastasia. Cependant, le docteur Lehrner qui officie est soudoyé par les soviétiques. Il affirme à l’inspecteur Kaminsky qu’il ne s’agit pas d’Anastasia… pour mieux la vendre ensuite à une officine secrète bolchevik chargée de son élimination. Volodine sent la menace et prépare une fuite vers Paris…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toujours conduit par le même trio d’auteurs – Patrice Ordas, Patrick Cothias au scénario, accompagnés de Nathalie Berr au dessin – ce troisième tome poursuit et conclut une trilogie sur le mythe de la cadette Romanov qui aurait survécu au massacre royale d’Ekaterinbourg. L’heure est à la traque : les célèbres membres du comité révolutionnaire bolchevik (Lénine, Staline, Dzerjinski…) ne veulent pas que la rumeur d’une survivante plane… et complotent pour fabriquer leur vérité politique. Anna Anderson, usurpatrice folle, joue toujours un peu le rôle d’appât… mais clairement moins qu’au tome 2. En parallèle, le personnage fictif de Félix Volodine intervient surtout pour brouiller les pistes et sauver définitivement Anastasia… avec laquelle il se mariera, pour satisfaire pleinement à la tonalité romanesque. La confusion deviendra dès lors officielle de chaque côté et alimentera la légende. Sur le dernier tiers de cet opus, le tempo s’accélère à grand renfort d’ellipses. Le couple royal vieillit, enfante et conserve sa discrétion… jusqu’à ce que Boris Eltsine entre en scène, à une ère quasi contemporaine. Le final tente de redonner quelque sursaut de tension et boucle la boucle. Désormais complète, la trilogie offre une hypothèse historique plausible et documentée, mais jamais palpitante. Malgré le joli dessin réaliste de Nathalie Berr, toujours impeccable, le souffle épique ne décolle pas. Sans doute faut-il essentiellement imputer cela aux dialogues par trop descriptifs et donc peu naturels, qui n’aident pas à établir une psychologie de personnages attachants.