L'histoire :
Avant d’atterrir sur l’aéroport d’Orly, l’avion de Carmen et Julio a survolé la place de l’Etoile. Ce Paris tant rêvé suscite chez eux une intense émotion. Leurs amis venus les accueillir en voiture, leur offrent alors une première traversée éblouissante de la capitale française, l’occasion de s’émerveiller devant Notre-Dame. Loger dans une modeste chambre en banlieue, les débuts ne sont pas faciles. Cependant le contraste avec l’Espagne franquiste est saisissant : au cinéma, lorsque l’on parodie le Président Coty, pas un policier pour réprimer ! Peu à peu, la vie quotidienne s’organise et Julio commence par dessiner des commandes pour quelques éditeurs. Certes, sa première histoire complète est un western, un univers encore éloigné de la S-F qui le fascine, néanmoins il faut bien vivre. Et puis la chance sourit aux audacieux qui bientôt, grâce à la sympathie d’un vieil artiste, emménagent en plein cœur de Paris, métro Michel-Ange-Molitor. Leur certificats de séjour obtenus, les voici Parisiens !...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Vagabond des limbes : cette seule évocation suffirait à nombre d’amateurs éprouvés du 9e art franco-belge pour situer notre auteur. Car Julio Ribéra, dont il est ici question, est et restera comme le père d’une des plus féconde saga SF du dernier quart de siècle passé (sur un scénario de Godard, disponible en intégrales chez Dargaud). Aujourd’hui âgé de bientôt 80 ans, l’heure est venue de se retourner sur un parcours exemplaire. Débutée avec Montserrat et une Jeunesse bafouée, l’autobiographie de l’Espagnol se poursuit en illustrant une vie bien remplie. Après avoir connu la guerre et les débuts du Franquisme, sa soif de Liberté le pousse à émigrer en France accompagné de sa femme Carmen, sans qui rien ne fut possible. Paris liberté relate la chronique de ce couple attachant depuis leur installation précaire en banlieue parisienne en 1954 jusqu’à la consécration (relative) au milieu des années 70 (1975, parution du premier tome du Vagabond). Il aura donc fallu 20 ans pour que son talent soit reconnu. 20 ans de précarité, de travail acharné mais, surtout, de bonheur. Certes, le quotidien d’un artiste réserve des fins de mois difficiles. Néanmoins, la lecture de cet album laisse un incontestable sentiment d’épanouissement. Au travers de mille et une anecdotes croustillantes, Julio Ribéra communique sa passion pour la vie. Il témoigne de son amour pour l’Europe. Une conscience politique forgée dans l’ouverture au monde contre les peurs (« Non à l’entrée de l’Espagne dans l’UE »). Si le trait n’est plus aussi alerte et clair (les couleurs ternes pour plus réalistes ?), l’optimisme du message prime. Le maître y prend visiblement beaucoup de plaisir. Découvrez une page d’Histoire (agrémentée de quelques photographies d’époque) en forme de bilan : on apprend toujours beaucoup des autres.