L'histoire :
Le dérèglement climatique a atteint un tel stade que des villes entières du sud de l'Europe sont devenues inhabitables. Le gouvernement français a donc lancé des ordres de réquisition de surfaces habitables chez tous les particuliers qui peuvent accueillir des réfugiés. Pour Louis Clémant-Barbier, c'est une espagnole du nom de Maria del Pilar Gomez y Gomez qui est annoncée. Elle arrive dans quelques jours. Louis ne s'affole pas à cette idée, mais sa mère voit les choses d'une toute autre façon, tout comme sa fiancée Bérénice, d'ailleurs. Son très bel appartement du seizième arrondissement parisien était plutôt prévu pour accueillir la famille parfaite d'un couple bourgeois dont le mariage arrangé entre familles riches était le destin tout trouvé. Trop tard, de toute façon, car non seulement la future colocataire de Louis arrive, mais toute a famille a été attribuée à l'immeuble. Et comme il habite au rez-de-chaussée, il hérite de la grand-mère avec, dans ses valises, un immense plat à paella, et la ferme intention de s'occuper de la cuisine. La vie de Louis va changer, le premier soir verra toute la famille, y compris la très jolie Nieves qui habite au quatrième, et son frère Francisco très protecteur. Quand Bérénice débarque à l'improviste quelques jours plus tard et aperçoit une jolie brune traverser l'appartement, le ton monte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un « feel good album » que nous propose David Ratte sur le thème pas feel good du tout du réchauffement climatique. Le drame écologique n'est pour le moment qu'un prétexte pour mettre en scène l'arrivée de cette famille espagnole dans la vie bourgeoise d'un immeuble chic parisien, et décrire toutes les situations drôlissimes qui se succèdent. L'auteur déroule avec une aisance confondante les rencontres dans la cage d'escalier, les échanges entre la toute petite vieille et le jeune homme un peu perdu. Tout tombe à pic, on sourit dès la première page et on rit franchement à plusieurs reprises grâce au timing parfait des surprises qui s'enchainent, avec en outre quelques running gags dont on gardera la surprise. Ratte est un dessinateur plutôt classique dont la précision n'est pas sans rappeler Dodier, le dessinateur de Jérôme K Jérôme Boche, dont Louis est d'ailleurs un sosie hommage évident. Il maîtrise son art séquentiel, ses temps d'arrêt sont percutants. La page 32 parmi d'autres est irrésistible avec ses cases verticales rapides et le zoom en deux temps sur le visage de Bérénice, la fiancée blonde à la coupe au carré ! Un second tome est prévu qui doit clôturer le récit. On devine qu'il sera un peu plus romantique voire dramatique, mais on trépigne déjà à l'idée de retrouver Louis et Nieves. Pour l'heure, on ne saurait trop conseiller ce premier opus à ceux qui ont aimé par exemple Les Vieux Fourneaux, et on a la même envie de prêter ou d'offrir cet album à tout de monde.