L'histoire :
La petite troupe composée du cheval, de l'oiseau et du chat, des deux hommes et des deux femmes poursuit sa route vers Jérusalem, ayant amassé suffisamment d'argent pour acheter un miracle dans la ville sainte, et retrouver ce qu'ils étaient, avant qu'une malédiction s'abatte sur chacun d'entre eux. Il est urgent de quitter la ville trop dangereuse de Constantinople pour prendre un bateau vers la Palestine. Mais pour certains membres du groupe, des sentiments se déclarent, ceux que Blaise éprouve pour Pervenche, la belle archère aux yeux bleus, ou l'attirance irrépressible de Giovanni l'oiseau pour une belle mouette qui passe dans le ciel. Certains en viennent à se raconter leurs secrets, comme Pervenche qui, révoltée par les hommes qui voulaient lui imposer un mari dès son plus jeune âge, a su profiter de son charme pour extorquer de l'argent à de très nombreux hommes sur la promesse d'hypothétiques mariages. A travers les villes d'Antioche, Damas, Alep, les compagnons d'infortune utilisent leur habileté et leur art du combat pour amasser encore plus d'argent. Mais pour que le miracle puisse redonner à chacun son ancienne apparence, il ne faut pas que l'argent ait été acquis en faisant le mal. Inutile de dire que les Ex-People ne peuvent pas tout à fait confirmer cette hypothèse une fois arrivés à Jérusalem. Ils vont donc s'adjoindre le soutien de quelqu'un qui les aidera à mieux choisir leurs actions futures...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second volume poursuit le flashback sur le parcours des improbables protagonistes de cette fable imaginée par Stephen Desberg, un auteur qui continue de surprendre dans des registres toujours différents. Solide créateur de séries à succès (IR$ ou Le Scorpion), il poursuit ses envies d'univers nouveaux, fort de la confiance des éditeurs. Ici c'est une histoire médiévale avec des personnages improbables frappés de malédictions totalement irréalistes (un chat tout plat, ou un chevalier dont le heaume est fixé sur sa tête depuis plusieurs années). Il raconte cela sur un ton de légende traditionnelle, avec des phrases qui tournent parfois comme des rengaines, immédiatement rattrapées par l'humour et le second degré. C'est très plaisant à lire, découpé de manière remarquable, accrocheur en diable, rythmé et amusant. Le dessinateur Alexander Utkin est une révélation, comme le montre la première page de cet album, magnifique avec ses trois couleurs principales qui composent le paysage de Constantinople. Dans cette même page, la case où l'on retrouve nos sept protagonistes est une petite merveille de construction avec ses plans successifs, la multiplicité de personnages qui remplissent l'image sans le moindre décor, en restant parfaitement lisible. Ce très grand talent combine la beauté de l'illustration des livres pour enfant, et les leçons bien comprises des grands noms de la narration en BD. Ce diptyque est donc à la fois une surprise totale et un petit bonheur de lecture et, ce qui ne gâte rien, un très bel objet.