L'histoire :
En arrivant à la pension Muche, Topaze, le jeune instituteur, croise Ernestine, la fille du directeur de l’établissement. Tout en minaudant et en espérant qu’il lui corrige à nouveau ses copies, la belle fait mine de ne plus avoir d’encre rouge. Naïvement, Topaze lui offre le flacon neuf qu’il vient d’acheter. La jeune femme lui fait alors remarquer que 15 jours auparavant, il était davantage prévenant en ayant corrigé les devoirs de ses élèves. Confus et craignant de froisser celle pour qui il en pince secrètement, Topaze se confond en excuses et la supplie de lui donner les copies. Ni une, ni deux, la jeune femme lui remet entre les mains un volumineux tas de feuilles, qu’il devra corriger pour le lendemain matin. Ernestine lui demande également de se montrer le plus discret possible sur ce petit arrangement, par crainte que son père lui fasse des reproches. Sans sourcilier et ému de partager un secret avec celle qu’il convoite, Topaze s’exécute.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le remarquable album La Gloire de mon père, les éditions Bamboo poursuit les adaptations des romans et pièces de théâtre de Marcel Pagnol en BD. C’est la 1° fois que cette pièce de théâtre de 1928, magistralement incarnée au cinéma par Fernandel, est déclinée en BD. Comédie satirique composée de 4 actes, cet album reprend les 2 premiers : Topaze, un instituteur naïf des plus scrupuleux va se faire renvoyer pour avoir refusé de truquer les notes du fils d’une baronne. Le pauvre Topaze, qui donne désormais des cours particulier va alors être associé malgré lui dans une entreprise douteuse. L’adaptation que proposent Serge Scotto et Eric Stoffel est tout simplement délicieuse. Les auteurs n’ont pas trahi l’esprit de la pièce originale. Malgré la richesse des textes, une formulation un peu datée et les nombreux événements qui jalonnent cette comédie, la lisibilité est fluide. On retrouve toute la malice de Marcel Pagnol avec ses personnages hauts en couleurs : Topaze est un instituteur qui frise le ridicule, tellement il est pétri de bons principes ; le directeur de la pension est un personnage odieux, vénal ; sa fille est une peste qui abuse de la faiblesse de Topaze ; un conseiller municipal véreux détourne de l’argent avec la complicité de sa maîtresse, etc. Le dessin semi-réaliste, un poil caricatural d’Eric Hübsch, est mis en valeur par les couleurs lumineuses et pêchues de Sandrine Cordurié. Le découpage est efficace, créatif avec des cadrages audacieux : on en prend plein les yeux. C’est avec une certaine impatience qu’on attend la conclusion de l’adaptation de cette œuvre qui n’a pas vieilli.