L'histoire :
« Ce livre est pour la personne qui le trouvera ». Voici ce que lit Camélia en première page d'un ouvrage abandonné sur un banc public, lors de sa pause déjeuner. Intitulé A l'ombre des grands saules pleureurs, d'un auteur inconnu, il intrigue néanmoins la jeune femme qui l'emporte avec elle. Elle passe ainsi une partie de la nuit au cœur d'un récit intriguant, passionnant, et constate que le propriétaire avait entouré des mots sans signification particulière au fil des pages. Elle se confie à une collègue de travail, avouant toutes les questions que soulève cette étrange démarche et reconnait qu'elle est très intriguée par l'approche de l'inconnu qui a déposé le livre. En poursuivant sa lecture, elle découvre alors que les mots surlignés ont peut-être un sens plus clair qu'elle le pensait, et décide de se lancer dans une recherche presque policière. Pour cela, elle prend une initiative particulière, qui va changer la donne. Dans la recherche de la réponse à une question simple et inutile, hors du temps et indépendante de sa vie quotidienne, Camélia va découvrir ce qu'elle est. Et peut-être une partie du sens qui manque à son existence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouveau récit plein de délicatesse, Jim poursuit son travail de scénariste réaliste et contemporain. Après une série d'albums ou de diptyques très réussis autour de couples de quadras mis en danger par des tentations amoureuses, il aborde un sujet d'apparence plus léger. Cette histoire de livre abandonné sur un banc, avec une sorte de message codé à l'intérieur de ses pages, démarre sans enjeu. Le personnage de Camélia semble aborder cette découverte avec un esprit joueur, innocent, curieux. Jim ne va pas résister à la tentation de provoquer des tiraillements, des tentations chez son personnage principal qui, pour une fois, est une jeune femme. Un enjeu double pour le scénariste, très doué pour créer des personnages masculins hyper crédibles, prolongements de ses propres questions. Cette nouvelle comédie romantique moderne bénéficie du talent graphique surprenant et séduisant de Mig, qui développe un style semi-réaliste différent de celui du Messager, pour donner une vie crédible à des personnages particulièrement sensibles. Le regard de Camélia qui éteint la lumière en page 23 est tout simplement impressionnant de profondeur et de retenue. Le dessinateur peut compter sur les couleurs de Delphine pour rester dans l'ambiance des récits « adultes » de Jim, avec toujours de jolies lumières citadines, comme le petit matin à vélo de la page suivante. Sans bouleverser les habitudes d'un public désormais familier des codes narratifs du scénariste, ce Petit Livre apporte un petit plus à l'univers de Jim, une forme d'ouverture qui évite la sensation de redite. C'est un univers qui se met en place autour d'un scénariste sincère et prolifique, qui vient par ailleurs de réaliser une premier court-métrage intitulé Vous êtes très jolie mademoiselle, visible sur le net (ici : http://inefecto.com/home/portfolio/vous-etes-tres-jolie-mademoiselle/). Dans la même veine romantico-réaliste et résolument moderne. Cohérent.... et accrocheur.
