L'histoire :
A 16 ans, Garance est potelée, solitaire et mal dans sa peau. Look gothique, tempérament renfermé, mélancolie permanente et idées suicidaires : elle est l’ado qu’on a envie de baffer. Elle a toutefois des circonstances atténuantes : elle est orpheline de mère et vit cette situation familiale comme un abandon. La psy qui la suit désespère néanmoins de pouvoir l’aider… et son père n’est pas assez disponible à son goût pour cela. Deux êtres comptent toutefois dans sa vie : son chat Thot et sa meilleure copine Esther, qui s’adonne avec elle à quelques penchants saphiques. Tard, un soir d’hiver, alors qu’elle cherche Thot dans un cimetière, Garance croise un étrange individu qui parle aux statues. Ambroise a de longs cheveux blancs, un trench-coat noir, les traits creusés, une mine blafarde et il montre d’emblée une large culture : tout ce qu’il faut pour exciter l’intérêt de Garance. En tout cas, ces deux-là nouent un début d’amitié. Quelques jours plus tard, Ambroise rapporte dépité le cadavre de Thot chez Garance. Profondément chagrinée, la gamine remercie cet homme divinement flippant, et lui demande s’il accepterait de la revoir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cantonné jusqu’à présent au rayon BD jeunesse et humour commercial (Basket Dunk, Cosmic Patrouille, Mort de trouille…), Mauricet change ici radicalement de registre. Et c’est une excellente idée qu’elle est drôlement bonne ! L’histoire aux parfums vampiriques de cette ado gothique est loin de n’être qu’une énième exploitation d’un genre qui a le vent en poupe. Ce premier tome (sur 2 prévus) se démarque essentiellement en faisant un portrait abouti du mal-être de la jeune héroïne. Quels fardeaux familiaux et sociaux faut-il réunir pour devenir une gothique morbide un brin pénible ? Les réponses peuvent paraître un chouya convenues (ado + dodue + orpheline), mais le portrait est attachant et pertinent. Il a aussi le double mérite de bien circonscrire la problématique et de livrer des dialogues qui sonnent justes. Surtout, en tant qu‘auteur complet, Mauricet se donne les plein-moyens graphiques de réaliser un joli diptyque. Ses encrages semi-réalistes sont à placer parmi les meilleurs du style et la colorisation mesurée et éteinte entre en parfaite adéquation avec le sujet, en tablant évidemment majoritairement sur les teintes rouge et noire. Stendhal et Jeanne Mas n’ont qu’à bien se tenir…