L'histoire :
En 1890, à New York, l’arrogant lieutenant Farshing parie avec ses pairs du Britten Club qu’il « pacifiera » la zone frontière de Porcupine en moins de 6 mois. Un véritable climat de non-droit ravage en effet cette ville de l’ouest sauvage depuis des mois. Cruel et radical, Farshing compte en profiter pour massacrer quelques indiens. Le jeune photographe Edwards reçoit pour mission d’immortaliser et de prouver la réussite de ce pari. Ce qui tombe bien, vu que sa dulcinée Elizabeth s’y trouve également. Cependant, là-bas, des meurtres atroces sont commis. La presse londonienne titre même que Jack l’éventreur s’est expatrié ! Or Edwards, tourmenté par des visions et des cauchemars, est persuadé qu’il est ce Jack ! Blessé par un bison et laissé pour mort par Farshing, Edwards est recueilli et soigné par les sioux. Il accepte d’eux de subir un rite d’initiation pour devenir un « être humain » et découvrir sa vraie nature. Pendant ce temps, Elizabeth cache bien son jeu. Pour quelles raisons, exactement, se trouve-t-elle à Porcupine ? Deux ans plus tôt, elle tentait de fuir Londres avec un précieux bébé dans les bras…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous aviez apprécié le climat impitoyable de la mise en bouche, et que vous étiez tenus en haleine par son surprenant cliffhanger, attendez-vous à des révélations encore plus étonnantes dans la conclusion de ce diptyque. Le scénariste Damien Marie a en effet habilement ménagé son petit suspens et il a particulièrement bien brouillé les pistes. La narration alterne cette fois l’action au présent et les flashbacks (en noir et blancs), qui permettent de dévoiler progressivement le fond de la problématique. La véritable personnalité d’Elizabeth se révèle et passe au premier plan, devant le rôle d’Edwards ou de Farshing, désormais secondaires. Difficile d’en exposer plus sans déflorer la substantifique moelle… Disons juste que Damien Marie propose une relecture intéressante et originale du mythe de Jack l’éventreur, qui trouve son tragique dénouement sur les terres de Wounded Knee Creek. Etant donné le sujet, attendez-vous donc à des séquences d’épouvante âpres et sordides, telles que le rite shamanique subi par Edward (durant lequel il est hissé par la poitrine écorchée) ou ses cauchemars montrant des créatures infernales, avides de tripaille… Loïc Malnati emprunte pour ces passages un dessin plus trash, sanguinolent, qui tranche avec les encrages clairs et précis de la réalité. Wounded se révèle au final un western d’horreur original et habilement délivré…