L'histoire :
Boris et Momo partagent une passion commune pour la détection métallique. Avec leurs manches de « poêles » au bout du bras, dont ils promènent le disque collé au sol, ils sillonnent des coins de campagnes, des plages, des champs, pour essayer de déceler des traces de métal sous la surface. Ils caressent évidemment le doux espoir de trouver un trésor, une « boursée » (groupe de pièces de monnaie) ou tout du moins une pièce isolée de type « Napo » ou « roro » (c’est-à-dire une monnaie romaine). Mais la plupart du temps, ils ne trouvent que des capsules de bouteilles ou plus dangereux : des éclats d’obus des guerres mondiales. Tantôt, ils passent très près de la fortune sans le savoir. Tantôt, ils passent très près de la catastrophe sans le savoir (quand ils piochent pile au-dessus d’une tête d’obus). On requiert aussi leurs services à des occasions particulières : pour retirer les punaises disposées sur une route avant le passage de coureurs cyclistes, ou pour retrouver les clés de la fourgonnette des gendarmes qui viennent de leur coller un PV pour prospection non autorisée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les Poêleurs s’inscrivent clairement dans la frange des BD humoristiques qui compilent les gags à l’intention des passionnés d’une pratique (du type Les randonneurs, Les vélomaniacs et consort), dont les éditions Bamboo se sont faits la spécialité. C’est pourtant chez un label indépendant, « Bande à Part », que ce (premier ?) recueil est publié, tout ou partiellement sponsorisé par les revues Détection passion et Le fouilleur. Car il s’agit ici de présenter et cerner un public restreint et original : les gens qui passent les sols aux détecteurs de métaux. L’idée première est sans doute de s’enrichir facilement en trouvant des « trésors »… mais il semble que la vocation de cette pratique dépasse largement le simple cadre lucratif. Besoin d’un retour à la terre ? Pulsions à la frange de l’archéologie ? Tout est accepté. Bien qu’académique dans le registre de l’humour, le dessin de David Canion se hisse clairement au-dessus de l’amateurisme. Sur ces bases, deux personnages récurrents nous emmènent alors au travers de gags potaches ou éculés. L’humour est ici facile, mais il ne manquera pas de faire sourire les plus indulgents (et les passionnés, conquis par avance). La plus-value de l’album se trouve plutôt du côté de la découverte du monde de la détection, avec ses risques (piocher sur un obus), ses contraintes (c’est chronophage), ses dégâts (le détecteur peu scrupuleux creuse des trous partout) et ses vertus (la patience !). Un glossaire des termes usités en annexe, ainsi que le texte de loi encadrant la pratique, complètent cette intention didactique.