L'histoire :
« Saucisse ! Agneau ! Bières ! Patates ! » Le serveur de chez Joao's entend ces mots à longueur de journée. Il rencontre des clients pas toujours aimables, dans ce travail stressant et sans reconnaissance. La fatigue l’assaille puisqu’ il dort peu. Il ressent des piqûres dans le bras et se demande s’il va mourir. Les examens médicaux sont normaux, il est solide comme un chêne. Le médecin lui propose cependant de suivre une thérapie avec une psychologue, Agnès, qui collabore avec l’hôpital. Il se rend au 69 rue du pin. Il découvre son cabinet de consultation, des pierres en forme d’œufs, des racines... son chat. Il lui expose ses problèmes de sommeil liés à sa peur de la mort. Il lui explique qu’il regarde des séries pour se distraire de ses peurs et ne pas dormir, car, pour lui, dormir c'est mourir. Elle lui demande s’il a essayé la masturbation... Un bien étrange premier élément de réponse... qui se révèle être une pointe d’humour ! Il part alors dans ses rêves et y rencontre Oto, ami avec lequel il se sent bien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gabri Molist s’inspire de sa propre expérience pour nous livrer une réflexion sur la mort, les peurs qui nous paralysent, la solitude... Il prend vie sous la forme d’un serveur qui n’apprécie pas plus que ça son travail et qui ne veut pas dormir, de peur de mourir. Devant la banalité de sa vie, il se réfugie dans ses rêves, rompt ainsi sa solitude avec des amis oniriques auxquels il tient beaucoup. La composition graphique est surprenante : tantôt gaufrier et ligne claire, alternant avec des cases plus larges, colorées en noir et blanc, et parfois de pleines pages en couleurs, comme pour donner du pep's a ce qui n’en a plus, et franchir les barrières que l’on s’est soi-même posées. Il décompose ainsi les moments de la vie courante, et ceux de l’inconscient. Néanmoins, même si le thème de la peur de mort est rarement traité en tant que tel, il n’est pas toujours facile de parcourir les méandres psychologiques des uns et des autres. L’auteur livre une histoire quasi réelle, mais il ne séduit pas par le traitement scénaristique qu’il a choisi. Même s’il montre ouvertement ses failles, son personnage reste en proie à ses névroses, confond parfois rêve et réalité. Il n’en est pas attachant pour autant. Cette bande dessinée est décalée, certes, mais nous rentrons difficilement dans l'histoire et nous n’en ressortons pas plus enrichis sur le fond, malgré les efforts graphiques pour dynamiser la lecture. Reste un message fort : celui d’affronter ses peurs pour avancer.