L'histoire :
Comme la plupart des petites filles de 6 ans, Irene joue à la poupée avec ses sœurs et elles se taquinent. Avec ses copines, elle va même jusqu’à se grimer avec un gros ventre et des accessoires divers, puis à compter le nombre d’enfants qu’elle aurait plus tard… Plus tard, au collège, il se raconte dans la cour que plusieurs filles sont tombées enceintes. Irena pense qu’elles devraient affronter les conséquences de leurs actes. Mais deux faits lui font tempérer ses propos : une de ses camarades de classe est tombée enceinte et un débat sur l’avortement en classe. Les rumeurs vont bon train et Irene comprend qu’il s’agit de son amie Maria. Lors du débat, elle doit défendre l’avortement. Elle ne peut pas défendre quelque chose en quoi elle ne croit pas. Son professeur l’incite à penser différemment. Alors, elle se met dans la peau de son amie pour comprendre les problèmes qu’elle rencontrerait si elle avait un fils ou une fille. Ce débat a modifié sa façon de comprendre le monde. Il lui a permis de dépasser l’enchevêtrement de préjugés qui l’empêchait de voir d’autres réalités...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après toute une série de publications sur l’avortement (Il fallait que je vous le dise, Casterman ; Le choix, Steinkis) ou la grossesse (Ma grossesse, tout le monde s’en mêle ! Des ronds dans l'ô), la perte d’un bébé (Ecumes, Steinkis) ou les difficultés pour concevoir un bébé (Rien ne se passe jamais comme prévu, Dargaud), voire encore la naissance d’un enfant pas comme les autres (Ce n'est pas toi que j’attendais, Delcourt ; Les petites victoires, Rue de Sèvres), un nouveau thème est massivement mis en avant dans le 9ème art. Le choix de la non-maternité, le non-désir d'enfant est de nouveau proposé par une maison d’édition catalane, Bang ediciones. Avec Je ne veux pas être maman, son autrice, Irene Olmo, illustratrice pour des périodiques espagnols, nous propose un thème qui est encore tabou et peu développé. Elle nous présente ce qu’elle perçoit de la maternité au travers des personnes rencontrées et qui considèrent qu’elle ne rentre pas dans la normalité. Elle aura beau crier son non-désir de maternité, ses amies ne la comprendront pas. Pour elles, donner la vie est le bonheur absolu, l’accomplissement féminin ultime. Mais pas pour Irene. En effet, entre les femmes qui rêvent d’avoir un enfant, d’allaiter, de changer les couches et celles qui n’en voient nullement l’intérêt, difficile de ne pas passer pour un ovni ou une sans-cœur aux yeux de la société. Pourtant, de plus en plus de femmes ne trouvent pas d’épanouissement dans la maternité et n’en ressentent pas le besoin. Une carrière à construire, le manque de temps, l'indépendance, mener la vie que l'on veut vivre et pas celle dictée par les autres... autant de raisons qui ne donnent pas envie de pouponner. Une jolie découverte accentuée par un graphisme intéressant. La couverture fleurie attire l’œil et donne envie de découvrir la suite. Une personnalité graphique fine, aux couleurs vives à dominante turquoise, lui confère ainsi une fraîcheur qui relève clairement de l’illustration. Irene Olmo se met en scène puis nous porte par son trait singulier et attirant dans un album agréable à lire, bien construit et déculpabilisant.