L'histoire :
« Le monde tel que vous le concevez n'est qu'une illusion. Un joli conte pour endormir les foules. Ça vous paraît logique que nous descendions d'une sorte d'homme singe ? La vérité est bien plus simple... nous avons été créés par des hommes pieuvres. Des êtres venus d'ailleurs pour coloniser la Terre, mais trop faibles et trop nombreux pour le faire eux-mêmes, ils se sont donc créés de la main d'œuvre : nous ! Et ils n'attendent qu'une chose : que nous ayons assez développé la planète pour pouvoir nous détruire et prendre notre place ». Persuadé de tout cela, le jeune NoPseudo8, ou « Nope », part en pèlerinage à Bugarach, petit village où réside la famille Yacayoux. Durant des années, celle-ci a développé cette théorie sur les réseaux sociaux. Son arrivée coïncide malheureusement avec un évènement majeur et dramatique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Martin Decayeux, alias J. Personne, est encore assez jeune, et déjà auteur de quatre albums, dont un chez les Enfants rouge (Junior) et deux aux éditions Delcourt. Dans ce nouveau récit au format moyen et souple, avec rabats, il accroche très vite le lecteur avec un style graphique épuré et aéré, de trois bandes maximum en hauteur. De quoi laisser respirer un dessin élégant que l'on rapprochera volontiers de ceux vus dans des revues telles Kiblind, où le design rejoint la culture manga et la bande dessinée alternative. Un très bon point, qui nous prépare assez peu à la surprise ressentie lorsque l'on comprend le sens de l'histoire et la richesse de son propos, relatif à un sujet de société très contemporain. L'auteur nous embarque dans une ambiance science-fictionnelle quelque peu dystopique, mêlant problématiques crédibles et illusions d'un – ou allusion à - un monde parallèle, où le repentir n'est pas franchement une solution. Cette richesse graphique et de fond fait pourtant la force de la famille Yacayoux : ouvrir un portail merveilleux sur un sujet plus difficile. D'autant plus que la fin relativement « ouverte » et dramatique nous laisse sur un sentiment amer. Cette bande dessinée tout public (à partir de 11 ans) mérite d'être défendue.