L'histoire :
Un soir dans une forêt, dix enfants sont rassemblés autour d'un garçon étrange, aux yeux noirs diaboliques et aux oreilles étrangement grandes : « Chers enfants, ces terres sont habitées par une multitude de magiciennes et de sorcières, et même si certaines sont plus mauvaise que d'autres... je vous assure qu'il n'y en a pas une que vous aimeriez rencontrer. » Et de développer les identités et malices de chacune. Dans Le faiseur de cauchemars, un petit être hideux s'engouffre dans les chambres la nuit et utilise différentes techniques en s'asseyant sur ses victimes endormies, pour leur donner l'impression de tomber dans le vide, ou bien qu'elles perdent leurs dents. Ou encore que, poursuivies, elles ne peuvent pas courir... Un gamin qui se cache dans son petit bateau, retrouvé amarré à une place différente une fois de plus, va se cacher en cale et découvrir que son bien sert chaque soir à une cérémonie de sorcières sur une île. Découvert, elles le laisseront exsangue dans les rues de sa ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur 62 pages – 30 contes de deux page, sauf Mourad et Mouros qui en compte quatre - nous sont proposées, à chaque fois dans une mise en page gaufrier trois fois trois cases. Le dessin paraissant enfantin, volontairement satirique et exagéré, met en scène des créatures hideuses malformées et bavantes ; mais aussi des humains, pas très jolis non plus et souvent peu capables de contrer ces horreurs. Parfois, cependant, certaines en ont pour leur grade. Les couleurs sont vives et le style oscillant entre art brut et psychédélisme rappellera un mix pas si improbable entre l'univers horrifique de Stéphane Blanquet, les Hokaïs japonais, voire les Crados. Cette galerie de créatures serait issue de légendes celto-hispaniques, telles celles décrites dans Leabhar Ghabhāla Erenin, un manuscrit du XIème siècle racontant comment Ith, fils du guerrier celte Breogãn, arriva en Irlande depuis la Galice. Mais au pire, cela n’est pas si important. Tous ces contes aux morales douteuses mais pleins d'humour permettent dans tous les cas de découvrir l'auteur, Christian Robles, un jeune espagnol ayant débuté dans le fanzine lift et les revues Voltio et Cáñamo, avant de produire quatre albums. Celui-ci est son premier traduit en France. On aimera le retrouver sur une histoire complète dans ce genre fantastique et exagéré.