L'histoire :
Fatigué des discours biaisés sur la police, qu’ils soient pour ou contre, Mikel Corre, journaliste à La Croix, décide de s’immerger pour dépasser les clivages. Inspiré par le livre On n’y voit rien de Daniel Arasse, il choisit de passer un an au commissariat de Roubaix pour observer la réalité quotidienne des policiers, loin des débats idéologiques. Son enquête débute dans un bureau exigu où il assiste à la déposition de Madame Laroussi, une femme brisée par dix ans de violences conjugales. Elle raconte les coups, les menaces et l’effroi de voir sa fille séquestrée par son compagnon, Saïd, qui avait promis de s’en prendre à sa famille si elle fuyait. La policière qui recueille son témoignage, patiente mais méthodique, lui demande de revenir avec sa fille pour approfondir l’enquête. Quelques jours plus tard, c’est Saïd, convoqué à son tour, qui rejette les accusations. Il clame son innocence, qualifie sa compagne d’aigrie et minimise les faits, affirmant n’avoir jamais tenté d’enlever leur fille. Mais son attitude trouble la policière, qui voit en ses contradictions une tactique classique : laisser parler pour que les mensonges se dénouent d’eux-mêmes. Au fil des jours, Mikel Corre découvre la charge mentale et émotionnelle des policiers, pris entre empathie pour les victimes et distance nécessaire à leur fonction. Peu à peu, il entrevoit la complexité d’un métier souvent réduit à des stéréotypes et se confronte à la réalité d’une justice imparfaite, où chaque décision a un impact profond.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce n'est pas peu de le dire, ces derniers temps, la police n'a pas bonne presse. Ces dernières années, la popularité de la police a connu des hauts et des bas : acclamée après les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, elle est vite retombée en disgrâce avec les manifestations des gilets jaunes. Mais que sait-on vraiment de leur quotidien ? Mikel Corre, journaliste à La Croix, propose une immersion inédite dans le commissariat de Roubaix pour dépasser les clichés. À travers cette enquête minutieuse, il s’interroge : que vit un policier entre gardes à vue, plaintes pour violences conjugales, points de deal, autopsies et paperasse ? Comment recueille-t-on la parole d’une femme brisée par des années de violence ? Que fait-on d’un homme arrêté en état d’ivresse ? Ce reportage dessiné nous dévoile les rouages complexes d’une institution à la croisée des attentes citoyennes et des limites humaines. Le dessin en noir et blanc de Bouqé, à la Marjane Satrapi, précis et sobre, capture l’essence des lieux et des visages : loin des stéréotypes, les policiers sont représentés comme des hommes et des femmes ordinaires, avec leurs doutes et leur fatigue. Avec un regard juste et documenté, cette bande dessinée ne porte pas de jugement mais éclaire, laissant au lecteur la liberté de se forger son opinion sur une profession malmenée et méconnue.