L'histoire :
Jeune journaliste, Andréa a réussi à convaincre son patron de se rendre au Japon pour pouvoir rencontrer des personnes qui vont l'aider à étoffer son article. Elle a fait le choix de s'intéresser aux emojis. Tout le monde les utilise au quotidien, mais d'où viennent-ils ? Comment et pourquoi ont-ils été créés ? A quoi ressemblaient-ils au départ ? Shigetaka Kurita, l'inventeur des émojis en 1997, a accepté de la rencontrer. Après s'être perdue dans les rues de Tokyo, elle finit par arriver à son rendez-vous. Il lui confie qu'il a inventé les premiers émojis pour les bipeurs, un appareil qui émettait un bip quand on l'appelait, mais qui ne permettait ni l'envoi de messages, ni l'envoi d'appels. Les ados ont alors détourné son utilisation pour s'envoyer des messages codés. Shigetaka s'est aussi aperçu que les gens aimaient parler de la pluie et du beau temps. Avec un seul symbole, ils peuvent se donner la météo du jour. Il a donc créé des emojis avec des expressions simplifiées, qui s'inspirent des codes du manga. Ces derniers se basent aussi sur les kanjis, l'alphabet japonais. Car chaque caractère exprime une idée abstraite. Même si ces premiers emojis sont imparfaits, avec quelques défauts, ils deviennent rapidement un phénomène mondial, et chaque opérateur s'en empare. Andréa est persuadée que cette invention l'a rendu riche. Mais Kurita n'a déposé aucun brevet, et sans droit d'auteur, ils ont vite été copiés. S'il n'est pas devenu riche, ses 176 premiers emojis sont maintenant considérés comme une œuvre d'art, exposée aujourd'hui au musée d'Art Moderne de New York.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Via les téléphones portables et autres outils de messagerie instantanée qu'on utilise quotidiennement, les emojis font partie d'une habitude de langage virtuel. Ils viennent compléter une intention de phrase, apportent des précisions, précisent une humeur. David Groison et Paul Rey (Le syndrome de l'iceberg) s'intéressent à ce phénomène. Lorsque le lecteur commence la lecture de cette enquête sous forme de roman graphique, il s'identifie rapidement au personnage principal, Andréa, une jeune journaliste en quête de réponses. Pourtant, la consultation du nom des auteurs ne fait aucun doute : il ne s'agit pas d'une autobiographie. La fiction prend une certaine place. Les auteurs ont mené leur enquête, mais ont choisi de l'illustrer à travers un personnage et une mise en scène, pour mieux capter le lecteur. Nous suivons donc Andréa qui mène son enquête aux quatre coins du monde, en interviewant des personnes qui ont contribué à faire évoluer les emojis. Nous apprenons ainsi dans quelles conditions ils ont été créés, comment ils se sont développés, comment cela fonctionne à présent, mais aussi les questions que ces emojis soulèvent. L'enquête est fouillée, intéressante, sans être barbante. Les auteurs n'ont pas surchargé les planches, rendant la lecture plus fluide. Cette bande dessinée permet de mieux comprendre certains enjeux contemporains.