L'histoire :
Théodore en est persuadé : la légende de Bob n’en est pas une, les êtres humains ont existé. Peu lui importe que Dolorès, sa grande sœur, lui affirme le contraire. Les années ont passé et, dans son vieil arbre, il aime contempler la photo d’un building, preuve selon lui qu’à une époque, les humains dominaient la terre avec leurs constructions gigantesques. Avec le déluge qui s’abat sur la forêt sauvage, Dolorès lui conseille de quitter sa demeure qui risque d’être engloutie par la rivière qui grossit dangereusement, n’écoutant que son entêtement, il affirme que cet arbre sera encore là dans cent ans et préfère aller s’endormir sur son matelas de provision. Un grand CRAAAC le tire subitement de son sommeil. Avant qu’il n’ait pu réagir, il se retrouve submergé par la rivière qui fait basculer le vieil arbre et l’emporte avec elle. Malmené par les flots, il manque de se noyer et ne doit son salut qu’à une branche sur laquelle il trouve refuge. Plus tard, alors qu’il est échoué près d’une berge inconnue, une ourse s’approche sans l’avoir repéré. Elle est habillée bizarrement, on dirait des vêtements d’humains ! Elle s’éloigne finalement en chantonnant, il en profite pour quitter sa branche et aller boire à la rivière. Mais celle-ci a un goût abominable. Il se résout à récupérer l’eau de pluie qui perle sur les feuilles et patauge jusqu’au rivage. Après avoir marché un moment, et devant l’absence d’arbres alentours, il doit bien se résoudre à l’évidence : il n’est plus dans la forêt sauvage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Compagnons à la ville, Susan Schade et Jon Buller composent à quatre mains cette histoire destinée à la jeunesse. Madame écrit l’histoire et Monsieur l’illustre. Le parti-pris est original : il alterne format romancé et bande dessinée, et met en scène les aventures d’un écureuil intrépide échoué très loin de chez lui. Dans un monde débarrassé des humains – mais pas des traces de leur passage sur Terre – une partie des animaux est douée de parole, alors que les autres se cantonnent toujours aux grognements. Ceux qui parlent sont aussi plus intelligents, ils transcendent leurs instincts prédateurs. C’est pourquoi des amitiés improbables dans le règne animal sont rendues possibles entre les écureuils, les ours, les porcs-épics et même un lézard. Le scénario touffu sort des sentiers battus, malgré le thème classique d’une épopée à travers des contrées inconnues. L’équipe de héros qui se constitue au fil des pages est composée de personnages doux et bienveillants. La bonne morale veille au grain et la complémentarité de chacun permet au groupe de s’affranchir de tous les dangers qui les menacent. La monochromie des parties dessinées s’accorde bien aux parties romancées, ce qui assure une bonne fluidité autant visuels que narrative dans le déroulé de l’histoire. Le trait de Jon Buller donne aux animaux une bonhommie évidente, qui ne laisse que peu de place aux méchants pour s’exprimer. Qu’importe ! Après tout, c’est de l’équipe de héros dont on se soucie, et il y a suffisamment d’action pour que ce ne soit pas trop mièvre. L’ultime partie du récit, avec ce mot bizarre « Faravole » laisse la porte ouverte à une suite qui prendra la direction qu’elle souhaite, puisqu’elle dépend de l’imagination de leur créatrice… qui n’en manque pas ! Une belle histoire rafraîchissante et animée, à lire par les parents aux enfants ou par les enfants assez grands, qui en seront ravis.