L'histoire :
L’anxiété est un petit démon rouge, tel un virus géant et invisible, qui accompagne chacun de nous, tantôt de manière régulière, tantôt de manière omniprésente. Elle joue de notre insécurité, de la peur du ridicule, de notre capacité à céder à l’auto-critique, d’un manque de contrôle, de nos obsessions, de pensées toxiques négatives, de notre capacité à rester durablement indécis et elle provoque des insomnies. Elle se loge là, au milieu du ventre et elle prend d’ailleurs parfois toute la place du ventre, comme un organe démesuré et inutile. A d’autre moment, on a l’impression qu’elle se prélasse dans votre cerveau comme dans un jacuzzi. L’anxiété s’attache à vous sans prévenir à tout moment de la journée ; et elle reste aussi – et surtout – la nuit. Elle vous harcèle, de manière à auto-entretenir sa présence, en ressassant le petit truc qui vous tracasse. Elle vous propose de compenser en mangeant du sucre et du gras. Elle n’oublie jamais que chaque pensée positive comporte son indispensable pensée négative sous-jacente. Elle sait qu’elle a une facilité déconcertante pour débarquer à l’improviste et s’installer durablement, alors même qu’il faut des années de psychothérapie pour s’en débarrasser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’anxiété est une sacrée pathologie psychologique qui ronge, à différents degrés, selon les multiples caractères des gens et selon les périodes de la vie, à peu près tout le monde. Parce qu’on va tous mourir, parce qu’on a une petite douleur inquiétante, parce qu’on doute de nos performances professionnelles, ou de notre destiné sentimentale… Bref, lorsqu’on ne voit que le grain de sable qui inévitablement va venir ternir notre bonheur. Afin de s’exorciser de cette anxiété, l’équatorien Alberto Montt l’a personnifiée dans ce petit recueil de (très courts) strips, en la représentant tel un blob tout rouge, avec des picots sur le crâne (voyez en couverture) – un peu à l’image du virus du sida ! A chacun des strips ici recueillis – souvent une case unique, parfois 2, 3 ou 6 cases – ce personnage imaginaire mais définitivement cruel, rasoir et pot-de-colle, tourmente ses hôtes. Il leur balance la réplique qui les fait douter, qui les cloue au pilori, qui les assomme, qui démultiplie la petite anxiété sous-jacente en la transformant en grosse angoisse omniprésente. Ce personnage est l’alter-ego néfaste de Jiminy Cricket, en quelque sorte, celui qui ne vous donne pas bonne conscience, mais mauvais augure. Sur un dessin simple et caricatural, et un sujet aussi « bateau » que celui de l’anxiété, Montt parvient ainsi admirablement à varier les ressorts et à prouver un joli sens de la réplique. En outre, sous prétexte d’humour cynique, l’auteur participe d’une thérapie utile en transmettant l’idée que nos anxiétés sont à 99% le fruit de notre auto-manipulation. A condition d’en avoir les ressources psychologiques, mépriser l’anxiété est encore la manière la plus efficace de l’éradiquer. Pour positiver à l’encontre de ce curieux sujet, la première phrase résonne comme une formidable leçon de vie : « La plupart des problèmes que tu as eus dans la vie étaient le fruit de ton imagination ».