L'histoire :
Dans un bistrot chinois rempli d’habitués, une course hippique à fort enjeux est sur le point de débuter. Dans un coin, un type patibulaire passe un coup de fil sur un vieux téléphone. Devant la porte d’entrée, le jeune Yang Kuaikuai et sa tronche de premier de la classe passent un sale quart d’heure. Un voyou appelé Li Yu est en train de le tabasser pour l’obliger à monter dans une camionnette. Car Li Yu et son oncle Ya sont en train de piquer cette camionnette, précisément au type qui téléphone à l’intérieur et qui regarde donc ailleurs. Et il est hors de question que Yang, qui a tout vu et tout compris, balance leurs noms aussitôt qu’ils seront partis. Ils sont donc obligés d’embarquer le gamin et son cartable. Mais Yang se débat et l’altercation attire l’attention. Le propriétaire lâche son téléphone et tente d'intervenir. Mais c’est trop tard, l’oncle Ya a mis les gaz, alors même que Yang et Li Yu se débattent encore sur la première marche du véhicule. Une course-poursuite début alors. Le propriétaire furieux pique un sprint en suivant sa camionnette. Cela se termine dans une palissade pour le propriétaire de la camionnette, plein d’ecchymoses. Ça n’est qu’à l’arrivée chez les receleurs – dans une casse automobile – qu’ils s’aperçoivent qu’une fillette dort sur la banquette arrière. De voleurs, les voilà devenus kidnappeurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous vouliez de l’action ? Vous allez être servis ! L’autrice chinoise Yi Yang, immigrée en Italie en 2013, livre ici une overdose de vitamines, dans une histoire de kidnapping très originale dans sa forme et « what the fuck » tout au long de son approche narrative. Ça commence dans le feu de l’action sans qu’on comprenne trop ce qu’il se passe. Un voyou tabasse un gamin, à l’entrée d’une camionnette appartenant à quelqu’un d’autre. Puis un flashforward permet de remettre la problématique d’un kidnapping fortuit dans son contexte… mais pas d’assagir le découpage ni les cadrages. La composition des cases s’avère en effet systématiquement torturée, alternant macro plan et mises en situations très détaillées, avec un maximum de profondeurs et de perspectives virevoltantes… Le dessin stylisé est torturé à dessein, souvent sous un prisme angulaire. Il déforme les visages, les membres et les attitudes. Il sur-joue les expressions et met les déformations en adéquation avec le niveau d’adrénaline de la séquence. Et le plus étonnant, c’est que tout reste toujours visuellement à peu près compréhensible, en dépit de l’économie de teintes employées – une bichromie grise/orange. L’objet est mutant : petit format, couverture souple, style manga… Il est le fruit d’une autrice chinoise et italienne, publié par un éditeur de comics… Inclassable mais bourré de peps et d’humour. Rafraîchissant !