L'histoire :
Le seul souvenir que Wide Vercnocke avait de son grand-père était un visage figé par la mort. Sa grand-mère lui disait souvent que, plus tard, il comprendrait. Aujourd'hui, cependant, il est adulte, mais il ne comprend toujours pas. Et son père, à qui il ressemble aussi beaucoup, va l'aider en lui faisant accéder aux archives familiales, démontrant la collaboration de ce poète flamand, Ferdinand Vercnocke, avec le régime nazi. Et si l’auteur avait hérité lui aussi de cette mentalité hyper nationaliste ayant condamné son aïeul à dix ans de prison au sortir de la guerre ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les premières images au ton jaune du visage en gros plan figé du grand-père nous saisissent. Elles annoncent le style graphique très particulier de l'auteur et l'importance donnée au dessin dans cet essai de narration graphique aux tonalités pastel bleutées et couleur chair. L'ambiance est à l'introspection, le souvenir et l'échange avec les fantômes du passé. L'homme triple est celui constitué des parties de Wide Vercnocke, de son père toujours vivant et témoin essentiel – transmetteur du savoir – et du grand-père, tentant d'expliquer lors de ses apparitions impressionnantes les actes de sa jeunesse. Wide Vercnocke déploie un style évoquant nos hexagonaux Frédéric Poincelet et Frédéric Bezian, usant de traits ultra fins et de corps légèrement tordus pour dépeindre ses personnages. Son livre, s'il n'offre pas une analyse très poussée des raisons du choix de son grand-père, lui permet, sans doute à lui, de mieux se situer par rapport à cet « héritage » problématique. Et à nous, de découvrir ce personnage trouble, poète de son état, ayant cru, comme quelques autres à l'époque, trouver un salut dans la grandeur apparente d'une nation aryenne. Le propos assez personnel de ouvrage sec nous touche davantage du point de vue graphique que scénaristique. Un exutoire.