L'histoire :
Yeong-jin vient d’avoir 40 ans. Elle enseigne dans un lycée privé protestant de Séoul. Comme elle n’est pas titulaire de son poste et peut être remplacée à tout moment, elle n’ose rien refuser à sa hiérarchie, qui en profite et en abuse. Elle est en couple avec Mukho qui s’occupe de travailleurs migrants au sein d’une association. Elle a un travail très prenant, mais accepte et trouve le temps de s’occuper de ses neveux pendant les vacances. Sa sœur ne lui laisse certes guère le choix, mais elle trouve auprès d’eux un certain réconfort et un amour inconditionnel et non calculé. Elle trouve la société violente et aucune reconnaissance de son entourage. Par exemple, elle ne trouve pas normal que sa mère soit encore obligée de travailler malgré son âge. Ou encore que des agriculteurs exploitent des migrants à l’heure où l’esclavage est largement répréhensible. Comme si son monde n’était pas assez morne, elle subit une opération lourde : l’ablation de son utérus. Elle s’est rendue seule à l’hôpital, en taisant son mal et ne pourra donc jamais avoir d’enfant naturel. Qu'importe, puisqu’elle n’a jamais songé à devenir mère. Elle est plutôt docile, accepte tout sans broncher et a un tempérament plutôt effacé en apparence. Mais Yeong-jin se questionne sur sa vie et sur la vie en général. Elle s’indigne de la société et le constat de ce qui l’entoure commence à la faire réfléchir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La dessinatrice coréenne Kim Sung-Hee est autrice de plusieurs ouvrages inédits en France. Elle écrit des textes plutôt engagés tant politiquement que socialement. La capacité de survie est pour l’instant sa seule bande dessinée traduite en français. Il s'agit d'une remise en question des conditions de vie des uns et des autres et sur le niveau de tolérance et d'acceptation supportable par chacun. A travers le découpage par chapitre, chaque titre laisse présager d’un questionnement personnel. Le sommaire est d’un grand secours pour se repérer dans le scénario. Le graphisme est en bichromie, le dessin est peu avenant et « peu travaillé ». Il est même parfois difficile de distinguer le protagoniste parmi les autres personnages, ce qui complexifie quelque peu la lecture... On comprend que la vie de Yeong-jin perd peu à peu de son sens. Elle s’en rend compte et décide de changer les choses et se prendre en main pour ne plus subir ce qui l’a fait souffrir ou ne lui apporte rien. Cette lecture questionne avec un thème de fond intéressant, certes... mais parfois décousu et le lecteur se perd en route.