L'histoire :
Eté 1984. Deux jeunes punks autrichiennes, Ulli et Edi, s’ennuient dans leur ville. « Vivre chaque jour comme si c’était le dernier », est le code de conduite qu’elles se sont fixées. Jeunes, libres et plus vraiment innocentes, elles décident de partir sans réfléchir, en Italie. Sans papiers d’identité, avec quelques vêtements et un sac de couchage sur le dos, les deux filles entament leur quête initiatique de Vienne à la Sicile, en passant par Vérone ou Naples. Des rencontres sordides et des galères, les deux filles vont en subir un certain nombre. C’est qu’elles sont, a priori, des proies faciles pour la meute d’hommes à l’affût, toujours avides de plaisirs rapides, en échange de quelques lires. Entre mauvaises fréquentations, goût de l’interdit et insouciance, les deux jeunes filles vont apprendre de leurs expériences le prix de la survie, toujours plus élevé pour une femme livrée à elle-même… Du désir d’ailleurs au dégoût de soi, en passant par l’angoisse et la peur, il découlera de leurs expériences la vision d’un monde sans illusions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La critique en a dit beaucoup de bien. La déception est donc grande à l’issue de la lecture fastidieuse et ennuyeuse de Trop n’est pas assez. L’intention narrative était séduisante : deux punks mineures, en quête d’identité et marginalisées par la société, se cherchent un destin. Quoi de mieux qu’un road-trip mêlé d’illégalité pour se révéler à soi-même. Problème : Ulli Lust refuse d’assumer une quelconque option narrative. Pas vraiment crue, ni même tout à fait désenchantée, encore moins subversive (quelques clichés ici ou là : punks contre skins, prostitution forcée, vols inévitables…), l’auteure semble hésiter en adoptant un ton neutre et distancié, tout en retenue. Et on se demande bien où elle souhaite nous emmener... Ulli Lust échoue à transformer cette odyssée libertaire en vraie réflexion sur l’adolescence, la liberté, le désenchantement, l’amitié ou encore la violence : tout est à l’état embryonnaire. Le propos, s’il existe, sonne creux. Le récit, quant à lui, jamais avare en rencontres répétitives sans intérêt, souffre de l’absence d’un message fort. Ce qui motive la quête des deux adolescentes est d’ailleurs flou et l’amour pour le punk et ses valeurs, ressemble finalement à une posture pas vraiment assumée. Enfin, dans un roman graphique où le punk est omniprésent, il aurait été salutaire d’instiller plus d’énergie et de rage, car le récit se révèle bien souvent lisse au travers de personnages peu révoltés. Bref, Trop n’est pas assez est au final une quête initiatique privée de souffle, car noyée dans un flot de paroles anecdotiques ou stériles. Rien de révolutionnaire, donc, pour ce road-trip mollasson, factuel et sans surprise. Sur ce, l’écoute de « Guns of Brixton » nous rappellera au bon souvenir de l’ère punk…