L'histoire :
Alors qu’il a quitté l’écriture depuis 20 ans, l’écrivain franco-américain Nathan Fawles est nimbé d’une aura mystérieuse. Pourquoi tout plaquer au faîte de sa gloire, à 35 ans, après trois romans à grand succès, et partir s’isoler sur une île, l’île de Beaumont dans le Sud de la France ? Nathan Fawles vit reclus dans une villa qui surplombe la mer, perdue au milieu des rochers et falaises… Les lecteurs qui ont cherché à le rencontrer en ont eu pour leurs frais, mais lui-même rend régulièrement visite aux commerces et même au pub du village. En 1997, les derniers mots qu’il donne à une jeune journaliste au café de Flore et qui lui demande ce qu’il sait faire, sont « Il paraît que je fais très bien la blanquette de veau ». En 2017, Raphaël Bataille est sorti d’une école de commerce avec le projet d’écrire. Son manuscrit a été de nombreuses fois refusé mais il veut rencontrer son idole, Fawles. Il se fait embaucher dans la librairie du village et profite de son premier jour de pause pour partir en randonnée chez Nathan Fawles. Il se fait accueillir à coups de fusil…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La vie secrète des écrivains est un roman de Guillaume Musso paru en 2019 qui a connu un immense succès en librairies : presque 400 000 exemplaires vendus pour ce thriller sous le soleil d’une île méditerranéenne inventée au large de la côte d’Azur… L’intrigue est très intéressante, mais elle surtout doublée d’une réflexion sur la relation à l’écriture, à la recherche du message juste, porté par les justes mots. Umberto Eco est cité, l’un des grands sémiologues et linguistes des dernières années. Mais quantité d’autres auteurs et actrices, dans une belle recherche de parité. C’est en lisant l’adaptation de La loterie de Shirley Jackson par son petit-fils Miles Hyman, que Musso a voulu lui confier l’adaptation de La vie secrète des écrivains. Hyman, américain ayant fait presque toute sa carrière en France depuis 40 ans, chevalier des arts et lettres, est un habitué des adaptations de romans noirs, puisqu’il a notamment mis en images Le Dahlia Noir de James Ellroy, avec bonheur. Le lecteur est scotché dès la magnifique couverture, qui fait penser un peu à une toile d’Edward Hopper. Il ne sera pas déçu par la suite. Si Hyman a présenté régulièrement à Musso les avancées du scénario, il a réussi avec brio le passage à la narration muette, visuelle. Certaines cases sont splendides, notamment celles qui dépeignent les grands écrivains auxquels Musso a emprunté des citations pour émailler son discours, mais aussi les paysages méditerranéens. Adaptation fidèle donc, mais réussie, car la narration ne se résume pas à transposer un texte, mais bien à le remodeler pour en faire un nouvel objet. Pari réussi. Ce roman graphique est une grande réussite, agréable à lire et à voir. Le dessin en noir et blanc au fusain donne une profondeur et des contrastes hypnotiques que les couleurs numériques ne trahissent pas. On est presque déçu de refermer le livre, au bout de 180 pages splendides.