L'histoire :
Frances vit seule avec son père August en Suède. Alité et fatigué, son père s’était enfermé dans sa chambre, mais sa fille a réussi à ouvrir la porte de l’extérieur. Une fois bien réveillé, il décide de l’emmener nager au lac. Triste et mélancolique, August préfère « plonger son corps dans l’eau » pour aider à déverser son trop plein de larmes. Frances, elle, s’amourache d’un jeune joueur de violon agressé par d’autres garçons. Mais lui se désintéresse totalement de Frances. Ada, la tante de Frances, voit sa petite amie Lydia la quitter alors que sa mère est tombée gravement malade. Plus tard, Ada rencontrera un homme au détour d’une conversation dans un bar, puis elle couchera avec lui. Parallèlement, Frances vit seule dans un foyer alors que son père sillonne le pays à la recherche d’un emploi. Rapidement, elle est confrontée à la méchanceté gratuite des enfants, premier aperçu de la cruauté du monde des adultes. Pourquoi August est-il si triste ? Que fait-il quand il est absent ? Ada a-t-elle su se libérer des pesanteurs familiales et s’affranchir du regard de la société ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième tome qui vient clore la série, l’auteure suédoise Joanna Hellgren plonge dans la psychologie familiale de Frances et évoque son enfance avec un flashback dans le passé perturbé de sa famille : Frances vit seule avec son père August, qu’elle trouve toujours triste, Ada vient d’être quittée par sa petite amie, alors que la mère d’August et d’Ada est en train de mourir. August, lui, disparaît et abandonne sa fille sans payer les loyers, sans laisser de mot, erre ou vagabonde dans le pays en quête d’un travail, histoire de subvenir aux besoins de sa fille. Des questions, des non-dits, la solitude ou le chômage pour horizon, et parfois la mort. Ce troisième tome permet de répondre à certaines questions soulevées dans les deux volets précédents, tout en laissant la porte des possibles ouverte. Portée par un trait au crayon, léger et épuré, l’auteure nous emmène dans une ambiance cotonneuse aux allures de rêve éveillé, articulant histoire familiale et questions de société autour de la figure de Frances. Oscillant en permanence entre réalité et onirisme (Frances aurait-elle des pouvoirs magiques ?), J. Hellgren propose aussi un univers vaporeux presque insaisissable, d’une grande densité psychologique, au cœur d’un long récit mélancolique. Charge ensuite aux nombreux silences, non-dits et dessins de parler, d'exprimer et de suggérer ce qu’un personnage peut ressentir. Il en résulte un vrai travail d’auteure, personnel et singulier, d'où se dégage une tension pesante qui ne nous lâche pas du début à la fin. In fine, et c’est sa réussite, Joanna Hellgren aura réussi à créer un lien intime entre le lecteur et ses personnages.