L'histoire :
Septembre 2015. Alain Glykos et son épouse prennent l’avion pour l’île de Chio, en Grèce, à huit kilomètres de la côte turque. Ça commence comme un voyage normal, entre peur de l’avion, compagne qui dort et questions qui tournent, manipulations de gilets de sauvetage par l’hôtesse… mais ce n’est pas un voyage comme les autres. Le père d’Alain est un immigré grec, chassé de Smyrne face au retour des turcs en 1922. La patronne de l’hôtel où ils logeront pendant quinze jours, Maria, est venue les chercher et les emmène à Kataraktis. Alain parle grec couramment, et traduit pour sa femme. Ils s’inquiètent du problème vécu par les îles grecques en particulier, la Méditerranée en général. Les migrants. 600 réfugiés par jour accostent à Chio. Les deux touristes, fatigués, mangent dans une petite auberge proche de l’hôtel et son déjà charmés de l’hospitalité grecque, la philoxenia. Hospitalité, migrations, gilets de sauvetage, les mots clés de leur voyage sont en place…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ecrit quelques jours après les attentats de Paris du 13 novembre 2015, Gilets de sauvetage est une belle plongée en immersion dans les problématiques méditerranéennes. Cette mer qui a vu durant des siècles et des siècles des gens la traverser dans tous les sens, pour fuir la guerre, la dictature, la misère, continue malheureusement de charrier des morts. Alain Glykos aurait pu être italien, espagnol, marocain, tunisien, algérien, turc, arménien, et bien d’autres nationalités encore, mais il est grec. L’histoire de l’île de Chio, en mer Egée, le touche donc à plusieurs niveaux, puisqu’elle avait déjà été le théâtre d’un massacre des turcs en 1822, et proche de Smyrne, devenue Izmir, elle aussi lieu dramatique pour les grecs, 100 ans plus tard… Et au moment où les Glykos arrivent, les migrants donc. Syriens. Ce sujet grave, Glykos et Antonin le soignent particulièrement. Sous la forme d’un journal intime, un carnet de vacances, avec des crayonnés entrecoupés de saynètes BD, qui devient photoreportage avec des photos transformées en dessins, comme celle de ce bébé vêtu d’un gilet de sauvetage, qui met un coup de poing dans le ventre. C’est de l’humanisme à l’état pur, qui fait réfléchir et juge peu. L’appel à l’intelligence et à la sensibilité étant une denrée rare, il ne faut pas hésiter et lire cet album qui enrichira vos soirées d’hiver, et les autres.