L'histoire :
« Mon enfance n'a jamais perdu sa magie. Elle n'a jamais perdu son mystère, ni sa dimension dramatique » affirmait Louise Bourgeois. C'est peut-être ce qu'a ressenti la narratrice au moment d'évoquer ses souvenirs d'enfance. Au cœur de l'été, avec sa sœur, elle se rendait à la mer. Là-bas, elles expérimentaient la vie dans la plus grande simplicité : elles jouaient, s'ennuyaient, se bagarraient et découvraient de nouvelles sensations au cours d'une journée ordinaire. Une odeur de produit à essuie-glaces, une bourrasque de vent, un liquide fuyant. Elles expérimentaient aussi des situations inattendues : une attaque de coccinelles, un adulte qui marche sur son pied...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Présenté dans un format inhabituel mais idoine, ce petit pavé fait se succéder les souvenirs et la mémoire d'un passé lointain réactivé par le dessin rond et enfantin de l'auteure, le tout au crayon de couleur. Anecdotes, faits marquants, souvenirs vivaces resurgissent au détour d'une dune, au coin d'une maison, dans l'intérieur d'une voiture. Si l'ouvrage peut se lire comme un album photo, à raison d'une image par page, il tisse aussi une continuité narrative, refonde sur le papier une mémoire concrète alors fragmentée par le temps. Rikke Bakman, en une parenthèse en suspension, explore le terrain des sens et réussit in fine à restituer des sensations, des odeurs, la pureté d'un coucher de soleil ou la futilité d'une scène du quotidien. Les petites contrariétés se muent en drames, tandis que l'ennui s'empare d'un âge où tout est encore possible. Car la BD recèle une dimension universelle, chaque lecteur aura l'occasion d'y projeter ses propres réminiscences ou des émotions enfouies. Si le résultat paraît naïf, il parvient néanmoins à parler de l'enfance avec délicatesse et légèreté, sans omettre une touchante fragilité. Reste alors cette impression d'un passé encore présent aux sensations, histoire de retrouver la magie de merveilleux moments.Ou de réveiller l'innocence d'un imaginaire...