L'histoire :
Zerocalcare regarde avec un vieil homme les balles traçantes et les tirs dans le ciel de Kobané. Mais au fait, comment l’auteur italien a-t-il atterri ici ? Zerocalcare a 31 ans. Il rend visite à sa mère pour lui annoncer qu’il part à Mehser, une ville turque proche de Kobané (Syrie). Ce voyage suscite son inquiétude. Il est mandaté par l’Internationale (le Courrier International italien) pour faire un reportage sur la guerre qui règne sur place. Kobané lutte et résiste à l’assaut de Daech avec ses troupes féminines (les YPJ) et mixtes (les YPG) malgré une disproportion de moyens. Après un périple en avion et en car, Zerocalcare pose ses bagages à Mehser, un village de… 100 habitants. Sur place, il y a des kurdes venus soutenir Kobané. La première nuit, il observe des raids aériens qui bombardent les positions de Daech autour de Kobané. Ce voyage est également humanitaire pour le jeune auteur. Il donne un coup de main pour préparer des vivres, destinées aux camps de réfugiés. Il rencontre une des responsables du camp Newroz Kobané qui lui raconte le quotidien des femmes. Elle milite pour les droits des femmes. Sa détermination force son respect.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement à ce que suggère son nom, Zerocalcare n'est pas un slogan pour une marque d’anti-calcaire pour lave-linge. Zerocalcare est un auteur engagé de bande dessinée qui officie de l’autre côté des Alpes. Il aime croquer son quotidien et celui de ses semblables (Oublie mon nom). Avec Kobane Calling, il change son fusil d’épaule et livre un véritable reportage sur un sujet d’actualité fort : l’avancée de Daech et de l’État Islamique. Il s’est d’ailleurs rendu avec ses sourcils en poche de nombreuses fois aux confins de l’Irak de la Turquie et du Kurdistan syrien. Loin de livrer un récit qui sombre dans le pathos, Zerocalcare le fait avec humour en jouant avec ses références de la pop-culture, Ken le survivant ou Resident Evil. Il y a du Joe Sacco dans sa manière d’aborder en profondeur et en toute neutralité le sujet et du Fred Boulet dans son style graphique. Il recueille les témoignages de femmes combattantes, de partisans du PKK. L’ensemble est bien construit. La narration est didactique pour permettre de mieux en comprendre les enjeux. Mais le trop plein d’humour a tendance à faire passer le message au second plan. La densité du bouquin (près de 250 pages !) rend le récit difficilement accessible. Il n’en reste pas moins un roman graphique singulier à lire pour s’en faire sa propre opinion, comme le prouve son incroyable succès en Italie (400 000 exemplaires vendus).