L'histoire :
Birgit Weyhe se souvient de son enfance quand elle est arrivée par avion à Entebbe, en Ouganda. Elle se rappelle de la chaleur du tarmac, de l’air doux et humide et des bruits étranges. Elle va rester en Afrique durant toute son enfance et son adolescence, s'établissant d’abord en Ouganda puis au Kenya. Quarante ans plus tard, elle se rend dans le nord du Mozambique. Elle retrouve immédiatement la même atmosphère à son arrivée, une piste brûlante, le bourdonnement d’une langue étrangère et l’extrême humidité de l’air. C’est la première fois qu’elle se trouve au Mozambique, mais elle se sent immédiatement chez elle. A Pemba, elle rencontre par hasard d’anciens travailleurs sous contrat en RDA. En effet, à partir de 1979, environ 20 000 mozambicains sont partis travailler en Allemagne de l’Est. Il étaient souvent chargés des emplois les plus pénibles. Puis en 1990, ils sont rentrés chez eux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au travers de cet album conséquent (236 pages !) Birgit Weyhe raconte un pan méconnue de l’histoire migratoire de l’Allemagne, à l’époque où elle était encore coupée en deux (RFA et RDA). En effet, à partir de 1979, de nombreux mozambicains sont allés travailler en RDA, un pays socialiste qui avait un besoin de main d’œuvre important. On suit ici la vie migratoire de trois protagonistes qui ont chacun vécu cette expérience de vie en Allemagne de l'Est, avec toutes les difficultés que cela comporte. La réalité apparaît rude et terrible pour ces émigrés africains qui ne parlent pas la langue et qui ne connaissent pas le froid. Puis dans la foulée, elle montre aussi que le retour au pays bien des années plus tard, ne se passe pas non plus facilement. Ils se sentent étrangers dans leur propre pays, un sentiment de déracinement que l’auteur met en évidence dans son récit. A l’aide d’un dessin semi-réaliste parfois maladroit dans les traits, l’auteur retranscrit l’atmosphère de l’Afrique d’abord, puis celle de l’Allemagne. Un contraste flagrant, bien sûr, qu’elle accentue graphiquement au travers de l’utilisation de la bichromie, accordant tout l'originalité graphique du récit.