L'histoire :
Des aventures aussi loufoques qu'inattendues, Miller et Pynchon vont en vivre un certain nombre. Le duo arpente les paysages et les sols, armés d'outils de mesure. Normal : l'un est géomètre et l'autre astronome et mathématicien. La théorie pour l'un, la pratique pour l'autre. Duo insolite et burlesque, les deux hommes vont se perdre pour mieux se retrouver. Au milieu de la campagne, ils rencontreront deux jeunes filles jolies, séduisantes et un brin facétieuses... mais le travail les rappellera à leur devoir. Plus tard, ils iront en prison pour d'obscures raisons, se retrouveront tout nus dans la rue et rencontreront même Hoffman, un crocodile esthète et érudit tout droit sorti des égouts. Sans oublier un fils caché et une femme regrettée dont le souvenir hante la conscience de Pynchon, homme en proie à une incurable mélancolie... Dans ce monde de l'absurde, entre étonnement et découverte, dérision et satire, les deux hommes vont vivre des expériences uniques, cocasses ou loufoques, au choix...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On connaissait le brillant théâtre de l'absurde façon Samuel Beckett, il y aura désormais la BD de l'absurde par Léopold Maurer. De prime abord, Miller et Pynchon a tout l'air de la BD difficile d'accès, et pourtant il n'en est rien. Le graphisme en noir et blanc, jouant l'épure et d'apparence minimaliste, est en vérité parfaitement adapté à la tonalité du récit. Surtout, il se combine à un propos qui lui, au contraire, fait le pari de la nuance. Organisée en 20 courts chapitres et teintée de poésie, cette BD tour à tour comique ou tragique, légère ou grave, naïve ou profonde, dévoile une large palette d'émotions tout en multipliant les niveaux de lecture. Libéré de toute logique et mettant en doute la réalité, ce duo fait montre d'un goût prononcé pour l'absurdité, tandis que le non-sens guette le lecteur pour mieux lui dévoiler toute l'étrangeté de la vie. Il s'agit ici moins de comprendre ce qui se passe, que de déformer la réalité pour en révéler le caractère insensé. La ligne de démarcation Nord/Sud apparaissant alors comme le symbole d'une dualité ou une frontière séparant des territoires ennemis : ceux de la folie et de la raison, de la mélancolie et de la joie... Eh oui, la condition humaine est à la fois tragique et comique, dérisoire et nourrie d'espoir, ce qui en fait tout le sel. Entreprise de dérision faisant sans cesse cohabiter pessimisme et drôlerie, cette fable métaphysique sur la condition de l'homme moderne, très drôle, se révèle aussi d'une grande lucidité. Un livre élégant pour une franche réussite, en attendant Miller et Pynchon...
