L'histoire :
« Bonjour monsieur Zerocalcare. Méprisé par la scène géopolitique occidentale, le Shengal est depuis très longtemps le théâtre d’affrontements et de massacres perpétrés par l’Irak et la Turquie. Ne souhaitant que sa disparition pure et simple, les deux menaces ne s’attendaient pas à voir débarquer la résistance Kurde pour prêter main-forte aux Ezidis de Shengal. Désireux de devenir un État basant sa politique sur le confédéralisme démocratique, Shengal est encore une nation persécutée pour ses choix d’indépendance. Votre mission, si toutefois vous décidez de l’accepter, est de partir à la rencontre des Ezidis de Shengal et de rapporter au grand-public leurs conditions de vie, leurs questionnements et leur combat pour leur indépendance. Toutefois, si vous ou l’un des membres de votre équipe se sent largué par le contexte géopolitique de Shengal ou êtes pris par des espions turcs ou irakiens, vous devrez vous débrouiller comme vous avez pu le faire à Kobané. Bonne chance ! »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec No sleep till Shengal, Zerocalcare frappe encore une fois très fort avec un récit documentaire important nous rapportant l’histoire pour le moins bouleversante et emplie d’injustice d’un peuple ne souhaitant que son indépendance après des années de souffrance. Tout comme avec Kobane Calling, la structure narrative du récit est une sorte de road trip où les obstacles s’enchaînent à un rythme effréné, et où notre guide semble, au départ, aussi perdu que son lecteur. Mais les rencontres, les problèmes et les discussions (pas toujours très courtoises) nous permettent de peu à peu mettre le doigt sur les différents conflits et questionnements que soulève le roman graphique. Que vous soyez familier avec l’ambiance géopolitique de cette partie du monde ou non, ne vous en faites pas, Zerocalcare évolue en même temps que nous et nous amène aux confins d’un monde encore injuste, violent et égocentrique. L’humour reste une part importante dans l’écriture et le dessin de Zerocalcare. Ici très présent, notamment avec l’utilisation de son fameux tatoo, mais aussi avec l’intervention d’une tête de Descartes gardée dans du formol et mettant souvent notre protagoniste face à sa faible connaissance du milieu dans lequel il met les pieds. Avec son sens de l’écriture qu’on lui connaît, Zerocalcare propose une fois de plus un documentaire saisissant sur un pan méconnu du monde. A la fois documentaire et sonnette d’alarme, No sleep till Shengal est important, instructif et divertissant. Tout cela à la fois ? Il n’y a pas à dire, l’auteur italien a de la ressource !