L'histoire :
Zerocalcare est assis dans une salle d’attente d’un hôpital et discute avec son voisin. Il parle de sa grand-mère française avec laquelle il allait au zoo et qui lui donnait de quoi nourri les animaux enfermés derrière les barreaux. Une infirmière vient chercher Zerocalcare pour lui dire qu’il peut venir au chevet de sa grand-mère pour lui dire au revoir. En arrivant, ses yeux sont happés par la perfusion, le lit et l’oscilloscope. Il ne regarde pas sa grand-mère au prime abord, non par dégoût, mais par l’idée que celle-ci a peur de mourir. Il lui prend la main et la serre fort, en guise de réconfort. Il voit son dernier souffle. Perdu, il appelle sa mère pour lui annoncer la triste nouvelle. Zerocalcare découvre que la mort est la première source de galères, en occident. D'abord, il n’y avait plus de corbillard disponible, alors il va falloir transporter le cercueil dans un camion à pizzas. Ensuite, il doit récupérer l’agenda de sa grand-mère avec les numéros des gens à prévenir pour l’enterrement… et retrouver la bague avec laquelle elle voulait être enterrée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Kobane Calling qui a remporté un grand succès populaire (25 000 exemplaires vendus, un bel exploit pour un roman graphique à grosse pagination), Zerocalcare revient avec un album plus personnel. Oublie mon nom parle de lui et de sa famille et des secrets qui l’entourent. La mort de sa grand-mère Huguette sert ici de déclencheur émotionnel. Tel un explorateur, il s’attache à reconstituer avec son pote Sticazzi, le parcours tumultueux de sa famille : sa grand-mère d’origine française a vécu à Nice, adoptée dans un orphelinat par une famille russe en exil qui a fui la Révolution. Elle a été élevée dans une grande demeure habitée par des russes et mariée à 17 ans à un mystérieux anglais ; sa mère serait née de cette union. On a fait plus simple comme histoire de famille ! Cette enquête dans le passé agit comme une véritable catharsis pour l’auteur, devenant par la force des choses un adulte à part entière, alors qu’il milite contre le G8 à Gênes. Là où Kobane Calling tournait un peu en rond dans son sujet et sa narration, Oublie mon nom a une portée émotionnelle plus importante : c’est une sorte de thriller ! C’est quelque part l’album de la maturité pour Zerocalcare (ah le fameux !) où l’humour (les métaphores oniriques à foison, comme le Renard) et l’émotion sont au rendez-vous avec un dessin N&B expressif, un poil difficile à appréhender sur la longueur, jouant sur l’art des caricatures (sa famille est représentée en gallinacées !).